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Le laboratoire d’idées de la reconstruction écologique et républicaine

Il est urgent d’agir face au développement du marché des cryptoactifs et de séparer le bon grain de l’ivraie

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      Il est urgent d’agir face au développement du marché des cryptoactifs et de séparer le bon grain de l’ivraieTribune

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      Signée par plus de 170 économistes, informaticiens, experts et personnalités scientifiques, cette tribune a pour objectif d’alerter sur les risques croissants, en matière économique, financière, écologique et sociale, liés au développement anarchique des cryptoactifs. Face à l’inaction des États en cette matière, elle introduit également plusieurs principes de régulation pour maîtriser ces risques et poser les bases d’une utilisation saine et responsable des technologies innovantes sous-jacentes à ces cryptoactifs.

      Pour toute information supplémentaire au sujet de cette tribune et des travaux qui l’accompagnent, vous pouvez écrire à l’adresse : contact@institut-rousseau.fr.

      Vous souhaitez apporter votre soutien à notre démarche ? Vous pouvez remplir ce formulaire, vous serez ajouté aux signataires.

      Initiateurs : 

      • Nicolas Dufrêne, haut fonctionnaire, économiste et directeur de l’Institut Rousseau
      • Jean-Michel Servet, professeur à l’Institut des hautes études internationales et du développement (Genève)
      • Jean-Paul Delahaye, professeur à l’Université de Lille, informaticien et mathématicien

      Ont notamment soutenu la tribune :

      • Gaël Giraud, directeur du programme de justice environnementale à l’Université de Georgetown et président d’honneur de l’Institut Rousseau 
      • Gérard Berry, Professeur émérite au Collège de France, médaille d’or du CNRS 2014
      • Michel Aglietta, professeur émérite université Paris Nanterre et conseiller scientifique au Cepii
      • Jean-Louis Desvignes Président de l’Association des Réservistes du Chiffres et de la Sécurité de l’Information (ARCSI)
      • Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe, membre du comité national pilote d’éthique du numérique
      • Alain Grandjean, économiste, entrepreneur et polytechnicien, membre du Haut Conseil pour le climat
      • Serge Abiteboul, chercheur à l’Inria, Membre de l’Académie des Sciences
      • Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France
      • Stéphane Ducasse, Directeur de recherche inria
      • Rachid Guerraoui, professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), directeur du laboratoire de calcul distribué. Professeur invité sur la chaire annuelle Informatique et sciences numériques du Collège de France.
      • Paul de Grauwe, London School of Economics, John Paulson Chair in European Political Economy
      • Alexandre Rambaud, maître de conférences en comptabilité financière et écologique à AgroParisTech
      • Jacques Dubochet, prof. hon. Université de Lausanne, prix Nobel, chimie 2017
      • Dominique Plihon, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord
      • François Morin, professeur émérite à l’Université Capitole de Toulouse
      • Pierre Dockès, Professeur émérite de sciences économiques, université Lumière Lyon 2
      • Didier Roux, Membre de l’Académie des Sciences, Membre de l’Académie des Technologies

      Découvrir tous les signataires.

       

      La tribune en langue française :

      Il est urgent d’agir face au développement du marché des cryptoactifs et de séparer le bon grain de l’ivraie

      Le monde monétaire et financier est actuellement bousculé par l’émergence des cryptoactifs. Avec plus de 2 000 milliards de dollars de capitalisation, ce marché compte désormais plus de 16 000 cryptoactifs et connaît une progression fulgurante depuis quelques années. La capitalisation du seul bitcoin, du fait de l’accroissement de son cours, est aujourd’hui à peu près égale à la masse monétaire du franc suisse. Le phénomène ne doit donc pas être pris à la légère. Par son volume, il questionne aujourd’hui directement l’ordre public financier et l’intérêt général. Or, les autorités n’ont jusqu’à présent pas pris la mesure des risques et des dommages que ce développement pourrait engendrer.

      Cette inaction s’explique sans doute par la difficulté à saisir la diversité du phénomène. En effet, les milliers de cryptoactifs existants ne sont pas de même nature et n’ont pas le même objet. Certains prétendent constituer des alternatives monétaires globales (Bitcoin) ; d’autres ne servent qu’à faciliter des paiements transfrontaliers (Ripple) ; d’autres encore ne sont que des amusements (Dogecoin). Le développement des actifs numériques permet certes de bousculer certaines pratiques et introduit des innovations utiles comme la possibilité de conclure des « contrats intelligents » grâce à la technologie des chaînes de blocs [blockchain], de se passer d’intermédiaires en matière de transferts de propriétés ou d’accélérer les paiements internationaux. Or, des cryptoactifs bien employés et bien régulés pourraient jouer le même rôle sans le caractère négatif majeur qui entache aujourd’hui, plus qu’il ne sert, leur essor.

      Car certains cryptoactifs, dont le bitcoin qui en est l’étendard, font courir des risques grandissants à nos sociétés. À cause de l’énergie qu’elles requièrent (près de 131 TWh, soit davantage que la Belgique et la Suisse), les blockchains utilisant un protocole de type « preuve de travail » provoquent un désastre écologique, qui va empirer. La forte volatilité du bitcoin porte atteinte à la stabilité financière car elle est opérée par des acteurs à la capitalisation parfois fragile et sans garde-fous, dans des marchés par ailleurs largement manipulés par quelques grands détenteurs de cryptoactifs. Enfin, la cohésion sociale et monétaire peut être menacée par les prétentions de certains d’encourager le développement de systèmes de paiement parallèles. Certains cryptoactifs font par ailleurs peser une lourde menace sur la sécurité des personnes et des États puisqu’ils facilitent les demandes de rançon, l’évasion fiscale ou le financement d’activités criminelles voire terroristes. Des cryptoactifs comme Monero, Dash ou Zcash ont même été pensés pour qu’il soit absolument impossible de suivre leurs opérations.

      Répondre à ces craintes légitimes en affirmant que le système bancaire et financier traditionnel n’est lui aussi pas exempt de reproches est hors de propos : ce dernier a évidemment aussi permis l’évasion fiscale et le financement du terrorisme, tout comme le financement d’activités polluantes mais les solutions sont connues : elles passent notamment par l’arraisonnement des chambres internationales de compensation par la justice, le renforcement des administrations fiscales, la réglementation du shadow banking… Alors que des efforts sont faits pour sortir de ces errements, pour les corriger et pour les punir, faut-il laisser apparaître un nouveau Far West financier non réglementé ? Faut-il, en recréant de nouveaux actifs polluants, spéculatifs et inégalitaires, anéantir les maigres efforts entrepris pour faciliter le partage des informations bancaires ? Faut-il également laisser se détourner une part significative de l’épargne d’investissements plus productifs ? 

       La crainte de brider l’innovation ne doit pas freiner le besoin, légitime et urgent, de réglementation. La période dite de « bac à sable », dans laquelle les cryptoactifs pouvaient se développer anarchiquement sans risque juridique, doit se terminer avant qu’il ne soit trop tard pour intervenir. En tant qu’économistes, responsables et citoyens engagés de différents pays, il est de notre devoir de formuler des propositions en ce sens. Nous souhaitons ainsi que les autorités politiques et les candidats aux élections puissent prendre position sur cette question.

      Quatre principes fondamentaux nous paraissent devoir guider une insertion responsable de l’écosystème des cryptoactifs dans nos sociétés :

      • ne pas autoriser les cryptoactifs dont l’impact sur l’environnement est inutilement nocif ;
      • ne pas autoriser les cryptoactifs ayant pour but avéré de protéger l’anonymat de leurs détenteurs au-delà d’un certain montant de transactions ;
      • prévenir l’émergence d’un système monétaire parallèle qui ne serait pas soumis aux mêmes contraintes que le reste de la société (ou pire encore qui bénéficierait de passe-droits) ;
      • et soumettre l’ensemble des acteurs fournissant des accès en cryptoactifs aux mêmes réglementations que les acteurs financiers traditionnels.

      Si des pays tels que l’Inde, la Turquie, la Bolivie, la Chine, ou le Nigéria ont déjà pris des mesures en ce sens, d’autres tels que la Suède ou la Corée du Sud (qui ne peuvent être qualifiés de technophobes) envisagent de telles mesures. Cela doit nous conduire en premier lieu à exclure, en raison de leur caractère énergivore, le minage de cryptoactifs dont le protocole utilise la preuve de travail (POW). Il convient également de proscrire l’utilisation des plateformes d’échange sans agrément de l’autorité de surveillance des marchés financiers et d’introduire un visa obligatoire pour toute nouvelle introduction sur le marché d’un cryptoactif. Les institutions financières investissant sur ces actifs doivent assortir ces placements d’un niveau élevé de fonds propres. Enfin, il convient de taxer toute opération de conversion entre cryptoactifs comme les opérations de conversion de cryptoactifs en bien réel pour éviter la formation d’un marché parallèle.

      Ces principes et propositions ne prendront tout leur sens que dans le cadre d’une coordination internationale. En ce sens, il serait impératif d’aller vers une supervision globale coordonnée par une institution démocratique internationale, sous le contrôle de l’ONU, avant que la situation ne soit hors de contrôle.

      Below is the tribune in English :

      The development of assets in cryptocurrencies requires urgent action in order to separate the wheat from the chaff

      The emergence of crypto assets is shaking up the financial and monetary worlds.  The market now has a value of more than 2 trillions dollars, offers more than 16,000 different assets and has been growing exponentially for the last few years.  The market capitalisation of bitcoin alone, given its present exchange rate, is now more or less equivalent to the money stock in Swiss francs. Such numbers should not be taken lightly.  The volume of assets in cryptocurrencies is a direct challenge to the financial system and public interest.  However, governments have not yet taken the measure of the risks involved and of the potential damage these developments could cause.

      This lack of action is doubtless due to the difficulty in understanding the diversity of the phenomenon.  The thousands of crypto assets on offer differ in nature and intention.  Some claim to be alternative global currencies (bitcoin); others only aim at facilitating cross-border payments (Ripple’s XRP); others yet are mainly for fun (Dogecoin).  The development of digital assets can indeed shake up some entrenched habits, and introduces useful innovations such as signing « intelligent contracts » through blockchain technology, disintermediating property transfers or accelerating cross-border payments.  This is not to say that crypto assets adequately regulated and put to good use could not have the same role without the major negative characteristics which now hinder rather than help their development.

      In point of fact a certain number of crypto assets, amongst them their poster-child, bitcoin, constitute a social threat.  The energy that blockchains using a « proof of work » type of protocol need (around 131 TWh per year, or more than Switzerland or Belgium) are causing an ecological disaster which can only get worse.  Bitcoin’s volatility can hurt financial stability because it originates in agents whose capital ratios are fragile and who don’t benefit from institutional guarantees, in markets largely under the control of a small number of major crypto asset holders.  Finally, social and monetary cohesion can be threatened by the promises held out to encourage the development of parallel payment systems.  Some crypto assets do indeed threaten personal and national security since they enable the payment of ransom money, tax evasion or the financing of criminal activities and even terrorism.  Cryptocurrencies such as Monero, Dash or Zcash have in fact been developed in order to make it impossible to follow the transactions they are implementing.

      To respond to such legitimate fears with reminders of the failings of the traditional financial and banking system is pointless: of course, the latter has also allowed tax evasion and terrorist financing, as well as the financing of polluting activities, but the solutions to such problems are well-known; they involve for example courts of law seizing international clearing houses, re-enforcing tax administrations, regulating shadow banking… Is the very moment such efforts are made to curb excesses in the financial system, prevent them and punish transgressors, also to be the moment that lets a new unregulated financial Wild West emerge?  Are we to reduce to nought the rather weak efforts to build up information sharing within the financial system by creating new forms of polluting, speculative and unfair assets?  Are we at the same time to let a significant part of our savings escape more productive forms of investment?

      The fear of stifling innovation should deflect from the legitimate and urgent need to regulate.  The so-called « sandbox » moment during which crypto assets could be allowed to develop wildly with no control or accountability needs to end before it is too late to intervene.  As economists, managers and activist citizens from a number of different countries, it behoves us to formulate proposals in support of such action. We thus hope to enable government authorities and electoral candidates to take positions regarding these issues.

      We think the following four fundamental principles should guide the integration of the cryptocurrency ecosystem in our social environments:

      • refuse crypto assets whose impact on the environment is uselessly harmful;
      • Refuse crypto assets whose stated goal is to protect the anonymity of their holders when engaged in transactions above a given threshold;
      • prevent the emergence of a parallel monetary system freed from the social constraints applying to all other agents (or worse, benefitting from privileges and exemptions)
      • and regulate all the agents providing access to assets in cryptocurrencies in the same way as traditional financial agents.

      If countries such as India, Turkey, Bolivia, China, or Nigeria have already taken action along these lines, others such as Sweden or South Korea (countries it would be difficult to consider technophobe) are considering such measures.  These should first of all be the exclusion of crypto assets whose mining involves proof of work (POW) protocols, because of their high energy consumption.  It is also necessary to prohibit the use of trading platforms without authorisation from the financial services regulator and to introduce a visa compulsory for the introduction on the market any new crypto asset.  The capital ratio of the financial institutions investing in such assets must be high.  Finally, all exchanges in crypto assets should be taxed in the same way as exchanges from crypto assets into real-world assets are taxed, in order to avoid the creation of a parallel market.

      These principles and proposals can only make sense within the framework of international cooperation.  The way to go should be towards global supervision coordinated by an international democratic institution supervised by the Organisation of the United Nations, before the situation spins out of control.

       

      Nachfolgend der Tribut auf Deutsch :

      Die Entwicklung des Marktes für Krypto-Assets erfordert dringend Maßnahmen,    und es gilt die Spreu vom Weizen zu trennen

      Die Geld- und Finanzwelt wird derzeit durch das Aufkommen von Krypto-Assets in ihrer Ordnung erschüttert. Mit einer Marktkapitalisierung von über 2 Billionen US-Dollar umfasst dieser Markt mittlerweile mehr als 16 000 Kryptovermögenswerte und verzeichnet seit einigen Jahren ein rasantes Wachstum. Allein die Kapitalisierung des Bitcoin entspricht aufgrund seines Kursanstiegs heute in etwa der Geldmenge des Schweizer Franken. Das Phänomen sollte daher nicht auf die leichte Schulter genommen werden. Aufgrund seines Umfangs stellt es heute direkt die öffentliche Finanzordnung und den Nutzen für das Allgemeinwohl in Frage. Die verantwortlichen staatlichen Stellen sind sich jedoch noch nicht bewußt, welches Ausmaß die Risiken und Schäden haben, die diese Entwicklung mit sich bringen könnte.

      Der Grund für diese Untätigkeit liegt höchstwahrscheinlich in der Komplexität des Phänomens. Denn die Tausenden existierenden Kryptovermögenswerte sind nicht alle von gleicher Art und verfolgen nicht alle denselben Zweck. Einige erheben den Anspruch, globale Währungsalternativen zu bieten (Bitcoin); andere dienen lediglich dazu, grenzüberschreitende Zahlungen zu erleichtern (Ripple); wieder andere stellen einen bloßen Zeitvertreib dar (Dogecoin). Die Entwicklung digitaler Vermögenswerte ermöglicht es zwar, bestimmte Praktiken zu verändern, und führt nützliche Innovationen ein, wie die Möglichkeit, mithilfe der Blockchaintechnologie „intelligente Verträge“ abzuschließen, Eigentumsübertragungen ohne Mittelsmänner durchzuführen oder internationale Zahlungen zu beschleunigen. Gut eingesetzte und regulierte Krypto-Assets könnten allerdings dieselbe Rolle spielen, ohne die negativen Folgen zu haben, welche heute ihrer Verbreitung  mehr schaden als nützen.

      Tatsächlich stellen einige Krypto-Assets – darunter das Flaggschiff Bitcoin – ein wachsendes Risiko für unsere Gesellschaft dar. Blockchains, die ein Proof-of-Work-Protokoll verwenden, verursachen aufgrund ihres Energieverbrauchs (fast 131 TWh, mehr als Belgien oder die Schweiz) eine Umweltkatastrophe, die sich noch verschlimmern wird. Die hohe Volatilität des Bitcoin untergräbt die Finanzstabilität, da das Schürfen durch Akteure mit teilweise schwacher Kapitalisierung und ohne Schutzmechanismen betrieben wird, und dies zudem auf Märkten, die von einigen großen Kryptoanlagenbesitzern weitgehend manipuliert werden. Das Bestreben, die Entwicklung paralleler Zahlungssysteme zu fördern, kann sogar den sozialen und monetären Zusammenhalt gefährden.  Einige Kryptoaktiva stellen darüber hinaus eine große Bedrohung für die Sicherheit von Personen und Staaten dar, da sie Lösegeldforderungen, Steuerhinterziehung oder die Finanzierung krimineller oder gar terroristischer Aktivitäten erleichtern. Kryptoaktiva wie Monero, Dash oder Zcash wurden ja so konzipiert, daß es absolut unmöglich ist, ihre Transaktionen zu verfolgen.

      Auf diese legitimen Befürchtungen mit der Behauptung zu reagieren, daß auch das traditionelle Banken- und Finanzsystem nicht über alle Vorwürfe erhaben ist, geht am Problem vorbei; natürlich hat letzteres auch Steuerflucht und Terrorismusfinanzierung ermöglicht, ebenso wie die Finanzierung umweltschädlicher Aktivitäten, aber die Lösungen für diese Probleme sind bekannt: Durchsuchung der internationalen Clearinggesellschaften durch die Justiz, Stärkung der Steuerverwaltungen, Regulation des Schattenbankwesens usw. Aber sollen wir, während Anstrengungen unternommen werden, um aus diesen Irrungen und Wirrungen herauszukommen, sie zu korrigieren und zu sanktionieren, gleichzeitig einen neuen, unregulierten finanziellen Wilden Westen entstehen lassen? Soll man durch die Neuschaffung umweltschädlicher, spekulativer und unsozialer Vermögenswerte die zaghaften Anstrengungen zunichte machen, die unternommen wurden, um den Austausch von Bankinformationen zu erleichtern? Soll man zulassen, daß ein erheblicher Teil der Ersparnisse von produktiveren Investitionen abgewendet wird?

      Die Angst, Innovationen abzudrosseln, darf nicht den legitimen und dringenden Bedarf an Regulierung ausbremsen. Die „Sandkastenphase“, in der sich Krypto-Assets anarchisch und ohne rechtliche Risiken entwickeln konnten, muß beendet werden, bevor es für ein Eingreifen zu spät ist. Als Wirtschaftswissenschaftler, Führungskräfte und engagierte Bürger aus verschiedenen Ländern ist es unsere Pflicht, entsprechende Vorschläge zu machen. Damit wollen wir erreichen, daß die Machthaber und die Kandidaten für die Wahlen zu diesem Thema Stellung nehmen können.

      Vier Grundprinzipien scheinen uns für eine verantwortungsvolle Eingliederung des Ökosystems der Krypto-Assets in unsere Gesellschaften maßgeblich zu sein:

      • keine Zulassung von Kryptoaktiva, deren Auswirkungen unnötig umweltschädlich sind;
      • keine Zulassung von Kryptoaktiva, deren Zweck nachweislich darin besteht, die Anonymität ihrer Besitzer ab einer bestimmten Transaktionshöhe zu schützen;
      • Verhinderung der Entstehung eines parallelen Währungssystems, das nicht denselben Beschränkungen unterliegt wie der Rest der Gesellschaft (oder, schlimmer noch,  Sonderrechte genießt);
      • Unterwerfung aller Akteure, die Zugang zu Krypto-Assets bieten, unter dieselben Regelungen wie traditionelle Finanzakteure.

      Während Länder wie Indien, die Türkei, Bolivien, China oder Nigeria diesbezüglich bereits entsprechende Maßnahmen ergriffen haben, ziehen andere Länder wie Schweden oder Südkorea (die nicht gerade als technikfeindlich bezeichnet werden können) solche Maßnahmen bereits in Betracht. Dies sollte uns in erster Linie Anlaß genug sein, das Schürfen derjenigen Krypotwährungen zu verbieten, die aufgrund des verwendeten Proof-of-Work Protokolls (POW) besonders energieintensiv sind. Außerdem sollte die Nutzung von Handelsplattformen ohne Zulassung durch die Finanzmarktaufsicht untersagt und eine Visumspflicht für jede neue Markteinführung eines Kryptoaktivums initiiert werden. Finanzinstitute, die in diese Vermögenswerte investieren, müssen diese Anlagen mit einem hohen Maß an Eigenkapital unterlegen. Schließlich sollten alle Umtauschgeschäfte zwischen Kryptoaktiva wie Umtauschgeschäfte von Kryptoaktiva in reale Güter besteuert werden, um die Bildung eines Parallelmarktes zu verhindern.

      Diese Grundsätze und Vorschläge werden nur im Rahmen einer internationalen Koordinierung ihre volle Wirkung entfalten können. In diesem Sinne wäre es zwingend notwendig, auf eine globale Aufsicht hinzuarbeiten, die von einer internationalen demokratischen Institution unter der Kontrolle der Vereinten Nationen koordiniert wird, bevor die Situation außer Kontrolle gerät.

       

      Di seguito il articolo in italiano :

      È urgente agire sullo sviluppo del mercato delle criptovalute e separare il grano dalla pula

      Il mondo monetario e finanziario è attualmente messo sottosopra dall’emergere delle criptovalute. Con più di 2.000 miliardi di dollari di capitalizzazione, questo mercato comprende ora più di 16.000 criptovalute e sta crescendo ad un ritmo rapidissimo negli ultimi anni. La capitalizzazione del solo bitcoin, a causa del suo prezzo crescente, è ora circa uguale alla massa monetaria del franco svizzero. Il fenomeno non deve quindi essere preso alla leggera. Il volume di bitcoin oggi sfida direttamente l’ordine pubblico finanziario e l’interesse generale. Tuttavia, le autorità non hanno finora preso la misura dei rischi e dei danni che questo sviluppo potrebbe causare.

      La difficoltà di cogliere la diversità del  fenomeno è probabilmente la spiegazione di questa inerzia si spiega senza dubbio dalla difficoltà di cogliere la diversità del fenomeno. Infatti, le migliaia di criptovalute esistenti non sono della stessa natura e non hanno lo stesso scopo. Alcune pretendono di essere alternative monetarie globali (Bitcoin); altre servono solo a facilitare i pagamenti transfrontalieri (Ripple); altre ancora servono solo per divertirsi (Dogecoin). Lo sviluppo delle valute digitali permette sicuramente di smuovere certe pratiche introducendo utili innovazioni come la possibilità di concludere « contratti intelligenti » grazie alla tecnologia blockchain, per fare a meno di intermediari nei trasferimenti di proprietà o accelerare i pagamenti internazionali. Ma le criptovalute ben utilizzate e ben regolate potrebbero svolgere lo stesso ruolo senza la grande negatività che attualmente colpisce, piuttosto che sostenere la loro ascesa.

      Perché alcune criptovalute, tra cui il bitcoin che ne è l’emblema, stanno ponendo rischi crescenti per le nostre società. A causa dell’energia a loro necessaria (quasi 131 TWh, cioè più del Belgio e della Svizzera), dal momento che le blockchain  utilizzano un protocollo proof-of-work stanno causando un disastro ecologico, che peggiorerà. L’alta volatilità del bitcoin mina la stabilità finanziaria perché è gestita da attori con una capitalizzazione a volte fragile e senza garanzie, in mercati peraltro ampiamente manipolati da pochi grandi detentori di criptovalute. Infine, la coesione sociale e monetaria può essere minacciata dalle pretese di alcuni di incoraggiare lo sviluppo di sistemi di pagamento paralleli. Alcune criptovalute rappresentano anche una seria minaccia per la sicurezza degli individui e degli stati, poiché facilitano le richieste di riscatto, l’evasione fiscale o il finanziamento di attività criminali, addirittura terroristiche. Le criptovalute come Monero, Dash o Zcash sono state anche progettate per rendere assolutamente impossibile tracciare le loro operazioni.

      Rispondere a questi legittimi timori dicendo che anche il sistema bancario e finanziario tradizionale non è esente da colpe è irrilevante: quest’ultimo ha ovviamente anche permesso anche l’evasione fiscale e il finanziamento del terrorismo, così come il finanziamento di attività inquinanti, ma le soluzioni sono note: mettere sotto controllo della giustizia le stanze di compensazione internazionali, il rafforzamento delle amministrazioni fiscali, la regolamentazione del shadow banking. Mentre vengono fatti sforzi per venire fuori da questi provvedimenti sbagliati, dovremmo permettere che emerga un nuovo Farwest finanziario non regolamentato? Dobbiamo chiederci se ricreando nuovi beni inquinanti, speculativi e diseguali, non cancelliamo i pochi sforzi portati avanti per facilitare la condivisione delle informazioni bancarie. Dobbiamo anche chiederci se si deve permettere che una parte importante dei risparmi sia sviata da investimenti più produttivi?

      Il timore di tenere a freno l’innovazione non deve scoraggiare il bisogno legittimo e urgente di regolamentazione. Il cosiddetto periodo « sandbox », in cui le criptovalute potevano svilupparsi anarchicamente senza rischi legali, deve finire prima che sia troppo tardi per intervenire. Come economisti, leader e cittadini impegnati, di diversi paesi, è nostro dovere fare proposte in questa direzione. Speriamo che le autorità politiche e i candidati alle elezioni sia in Francia che in altri paesi possano prendere posizione su questo tema.

      Quattro principi fondamentali ci sembrano dovere guidare un inserimento responsabile dell’ecosistema delle criptovalute nelle nostre società:

      • Non autorizzare le criptovalute il cui impatto sull’ambiente è inutilmente dannoso;
      • Non autorizzare le criptovalute il cui scopo accertato è di proteggere l’anonimato dei loro titolari al di sopra di una certa quantità di transazioni;
      • Impedire l’emergere di un sistema monetario parallelo che non fosse soggetto agli stessi vincoli del resto della società (o peggio, che beneficerebbe di privilegi);
      • Sottoporre tutti gli attori che forniscono l’accesso alle criptovalute agli stessi regolamenti degli attori finanziari tradizionali.

      Paesi come l’India, la Turchia, la Bolivia, la Cina e la Nigeria hanno già fatto dei passi in questa direzione, altri come la Svezia e la Corea del Sud (che non possono essere definiti tecnofobici) stanno considerando tali misure. Questo dovrebbe portarci prima di tutto ad escludere per la loro natura energivora il mining di criptovalute il cui protocollo utilizza la prova di lavoro (POW), a causa della loro natura che consuma energia. L’uso di piattaforme di scambio senza una autorizzazione dell’autorità di vigilanza dei mercati finanziari dovrebbe anche essere vietato e una autorizzazione  obbligatoria dovrebbe essere introdotta per ogni nuova introduzione sul mercato di una criptovaluta. Le istituzioni finanziarie che investono in queste attività devono avere un alto livello di fondi propri. Infine, qualsiasi operazione di conversione tra criptovalute dovrebbe essere tassata come le operazioni di conversione di beni reali per evitare la formazione di un mercato parallelo.

      Questi principi e proposte avranno senso solo nel contesto di un coordinamento internazionale. In questo senso, sarebbe imperativo andare verso una supervisione globale coordinata da un’istituzione internazionale democratica, sotto il controllo dell’ONU, prima che la situazione vada fuori controllo.

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      A continuación, nuestro texto en español:

      Es urgente actuar sobre el desarrollo del mercado de criptoactivos y separar el trigo de la paja

      El mundo monetario y financiero está siendo puesto patas arriba por la aparición de los criptoactivos. Con más de 2 billones de dólares de capitalización, este mercado incluye ahora más de 16.000 criptoactivos y ha crecido a un ritmo acelerado durante los últimos años. Sólo la capitalización del bitcoin, debido a su creciente precio, equivale aproximadamente a la masa monetaria del franco suizo en la actualidad. Por tanto, el fenómeno no debe tomarse a la ligera. El gran volumen de bitcoin desafía ahora directamente el orden público financiero y el interés general. Sin embargo, las autoridades no se han dado cuenta todavía de los riesgos y perjuicios que esta evolución podría causar.

      Esta inacción se debe sin duda a la dificultad para comprender la diversidad del fenómeno. De hecho, los miles de criptoactivos existentes no son de la misma naturaleza, ni tienen la misma finalidad. Algunos pretenden ser alternativas monetarias globales (Bitcoin); otros sólo sirven para facilitar los pagos transfronterizos (Ripple); y otros se han creado sólo por diversión (Dogecoin). Sin duda, el desarrollo de los activos digitales está sacudiendo ciertas prácticas e introduciendo innovaciones útiles como la posibilidad de celebrar « contratos inteligentes » gracias a la tecnología blockchain, obviando a los intermediarios en las transferencias de propiedades o agilizando los pagos internacionales. Los criptoactivos bien utilizados y regulados podrían desempeñar el mismo papel sin la gran negatividad que actualmente empaña, en lugar de servir, su ascenso.

      Porque algunos criptoactivos, incluido el emblemático bitcoin, están planteando riesgos crecientes para nuestras sociedades. Debido a la energía que requieren (casi 131 TWh, más que Bélgica y Suiza), las cadenas de bloques que utilizan un protocolo de prueba de trabajo están provocando un desastre ecológico, que va a empeorar . La alta volatilidad del bitcoin socava la estabilidad financiera porque lo operan actores con una capitalización a veces frágil y sin salvaguardas, en unos mercados que, por lo demás, están ampliamente manipulados por unos pocos grandes tenedores de criptoactivos. Por último, la cohesión social y monetaria puede verse amenazada por las pretensiones de algunos de fomentar el desarrollo de sistemas de pago paralelos. Algunos criptoactivos también suponen una grave amenaza para la seguridad de las personas y de los Estados, ya que facilitan la demanda de rescates, la evasión fiscal o la financiación de actividades delictivas e incluso terroristas. Criptoactivos como Monero, Dash o Zcash han sido incluso diseñados para que sea absolutamente imposible rastrear sus operaciones.

      Responder a estos temores legítimos afirmando que el sistema bancario y financiero tradicional tampoco está exento de culpa es irrelevante: es evidente que este último también ha permitido la evasión fiscal y la financiación del terrorismo, así como la financiación de actividades contaminantes, pero las soluciones son conocidas. No obstante, Mientras se hacen esfuerzos para corregir y castigar estos errores: ¿debemos permitir que surja un nuevo Salvaje Oeste financiero no regulado? ¿Debemos permitir que se destruyan los escasos esfuerzos por facilitar el intercambio de información bancaria recreando nuevos activos contaminantes, especulativos y desiguales? ¿Debemos permitir también que una parte importante del ahorro se desvíe de inversiones más productivas?

       

      El miedo a ahogar la innovación no debe amortiguar la legítima y urgente necesidad de regulación. El llamado periodo « sandbox », en el que los criptoactivos podían desarrollarse anárquicamente sin riesgo legal, debe terminar antes de que sea demasiado tarde para intervenir. Como economistas, responsables políticos y ciudadanos comprometidos de diferentes países, es nuestro deber hacer propuestas en este sentido. Esperamos que las autoridades políticas y los candidatos a las elecciones que se lleven a cabo los próximos meses sean capaces de adoptar una postura al respecto.

      Cuatro principios fundamentales nos parecen que deben guiar una inserción responsable del ecosistema de criptoactivos en nuestras sociedades:

      • no autorizar criptoactivos cuyo impacto en el medio ambiente sea innecesariamente perjudicial ;
      • no permitir criptoactivos con un propósito probado de proteger el anonimato de sus titulares a partir de una determinada cantidad de transacciones;
      • evitar la aparición de un sistema monetario paralelo que no esté sujeto a las mismas limitaciones que el resto de la sociedad (o peor, que beneficie de privilegios);
      • y someter a todos los agentes que dan acceso a los criptoactivos a la misma normativa que los agentes financieros tradicionales.

      Mientras que países como India, Turquía, Bolivia, China y Nigeria ya han dado pasos en esta dirección, otros como Suecia y Corea del Sur (que no pueden ser calificados de tecnofóbicos) están considerando este tipo de medidas. Esto debería llevarnos, en primer lugar, a excluir la minería de criptoactivos cuyo protocolo utiliza la prueba de trabajo (POW), debido a su elevado consumo de energía. También debería prohibirse el uso de plataformas de intercambio sin una licencia de la autoridad de supervisión del mercado financiero y debería introducirse un visado obligatorio para cualquier nueva introducción en el mercado de un criptoactivo. Las instituciones financieras que invierten en estos activos deberían contar con un alto nivel de respaldo de capital. Por último, cualquier transacción de conversión entre criptoactivos debería tributar como transacciones de conversión de activos reales para evitar la formación de un mercado paralelo.

      Estos principios y propuestas sólo tendrán sentido en el contexto de una coordinación internacional. En este sentido, sería imperativo avanzar hacia una supervisión global coordinada por una institución democrática internacional, bajo el control de la ONU, antes de que la situación se salga de control.

      Publié le 8 février 2022

      Il est urgent d’agir face au développement du marché des cryptoactifs et de séparer le bon grain de l’ivraie
      Tribune

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      Le laboratoire d’idées de la reconstruction écologique et républicaine.

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      Signée par plus de 170 économistes, informaticiens, experts et personnalités scientifiques, cette tribune a pour objectif d’alerter sur les risques croissants, en matière économique, financière, écologique et sociale, liés au développement anarchique des cryptoactifs. Face à l’inaction des États en cette matière, elle introduit également plusieurs principes de régulation pour maîtriser ces risques et poser les bases d’une utilisation saine et responsable des technologies innovantes sous-jacentes à ces cryptoactifs.

      Pour toute information supplémentaire au sujet de cette tribune et des travaux qui l’accompagnent, vous pouvez écrire à l’adresse : contact@institut-rousseau.fr.

      Vous souhaitez apporter votre soutien à notre démarche ? Vous pouvez remplir ce formulaire, vous serez ajouté aux signataires.

      Initiateurs : 

      • Nicolas Dufrêne, haut fonctionnaire, économiste et directeur de l’Institut Rousseau
      • Jean-Michel Servet, professeur à l’Institut des hautes études internationales et du développement (Genève)
      • Jean-Paul Delahaye, professeur à l’Université de Lille, informaticien et mathématicien

      Ont notamment soutenu la tribune :

      • Gaël Giraud, directeur du programme de justice environnementale à l’Université de Georgetown et président d’honneur de l’Institut Rousseau 
      • Gérard Berry, Professeur émérite au Collège de France, médaille d’or du CNRS 2014
      • Michel Aglietta, professeur émérite université Paris Nanterre et conseiller scientifique au Cepii
      • Jean-Louis Desvignes Président de l’Association des Réservistes du Chiffres et de la Sécurité de l’Information (ARCSI)
      • Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe, membre du comité national pilote d’éthique du numérique
      • Alain Grandjean, économiste, entrepreneur et polytechnicien, membre du Haut Conseil pour le climat
      • Serge Abiteboul, chercheur à l’Inria, Membre de l’Académie des Sciences
      • Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France
      • Stéphane Ducasse, Directeur de recherche inria
      • Rachid Guerraoui, professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), directeur du laboratoire de calcul distribué. Professeur invité sur la chaire annuelle Informatique et sciences numériques du Collège de France.
      • Paul de Grauwe, London School of Economics, John Paulson Chair in European Political Economy
      • Alexandre Rambaud, maître de conférences en comptabilité financière et écologique à AgroParisTech
      • Jacques Dubochet, prof. hon. Université de Lausanne, prix Nobel, chimie 2017
      • Dominique Plihon, professeur émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord
      • François Morin, professeur émérite à l’Université Capitole de Toulouse
      • Pierre Dockès, Professeur émérite de sciences économiques, université Lumière Lyon 2
      • Didier Roux, Membre de l’Académie des Sciences, Membre de l’Académie des Technologies

      Découvrir tous les signataires.

       

      La tribune en langue française :

      Il est urgent d’agir face au développement du marché des cryptoactifs et de séparer le bon grain de l’ivraie

      Le monde monétaire et financier est actuellement bousculé par l’émergence des cryptoactifs. Avec plus de 2 000 milliards de dollars de capitalisation, ce marché compte désormais plus de 16 000 cryptoactifs et connaît une progression fulgurante depuis quelques années. La capitalisation du seul bitcoin, du fait de l’accroissement de son cours, est aujourd’hui à peu près égale à la masse monétaire du franc suisse. Le phénomène ne doit donc pas être pris à la légère. Par son volume, il questionne aujourd’hui directement l’ordre public financier et l’intérêt général. Or, les autorités n’ont jusqu’à présent pas pris la mesure des risques et des dommages que ce développement pourrait engendrer.

      Cette inaction s’explique sans doute par la difficulté à saisir la diversité du phénomène. En effet, les milliers de cryptoactifs existants ne sont pas de même nature et n’ont pas le même objet. Certains prétendent constituer des alternatives monétaires globales (Bitcoin) ; d’autres ne servent qu’à faciliter des paiements transfrontaliers (Ripple) ; d’autres encore ne sont que des amusements (Dogecoin). Le développement des actifs numériques permet certes de bousculer certaines pratiques et introduit des innovations utiles comme la possibilité de conclure des « contrats intelligents » grâce à la technologie des chaînes de blocs [blockchain], de se passer d’intermédiaires en matière de transferts de propriétés ou d’accélérer les paiements internationaux. Or, des cryptoactifs bien employés et bien régulés pourraient jouer le même rôle sans le caractère négatif majeur qui entache aujourd’hui, plus qu’il ne sert, leur essor.

      Car certains cryptoactifs, dont le bitcoin qui en est l’étendard, font courir des risques grandissants à nos sociétés. À cause de l’énergie qu’elles requièrent (près de 131 TWh, soit davantage que la Belgique et la Suisse), les blockchains utilisant un protocole de type « preuve de travail » provoquent un désastre écologique, qui va empirer. La forte volatilité du bitcoin porte atteinte à la stabilité financière car elle est opérée par des acteurs à la capitalisation parfois fragile et sans garde-fous, dans des marchés par ailleurs largement manipulés par quelques grands détenteurs de cryptoactifs. Enfin, la cohésion sociale et monétaire peut être menacée par les prétentions de certains d’encourager le développement de systèmes de paiement parallèles. Certains cryptoactifs font par ailleurs peser une lourde menace sur la sécurité des personnes et des États puisqu’ils facilitent les demandes de rançon, l’évasion fiscale ou le financement d’activités criminelles voire terroristes. Des cryptoactifs comme Monero, Dash ou Zcash ont même été pensés pour qu’il soit absolument impossible de suivre leurs opérations.

      Répondre à ces craintes légitimes en affirmant que le système bancaire et financier traditionnel n’est lui aussi pas exempt de reproches est hors de propos : ce dernier a évidemment aussi permis l’évasion fiscale et le financement du terrorisme, tout comme le financement d’activités polluantes mais les solutions sont connues : elles passent notamment par l’arraisonnement des chambres internationales de compensation par la justice, le renforcement des administrations fiscales, la réglementation du shadow banking… Alors que des efforts sont faits pour sortir de ces errements, pour les corriger et pour les punir, faut-il laisser apparaître un nouveau Far West financier non réglementé ? Faut-il, en recréant de nouveaux actifs polluants, spéculatifs et inégalitaires, anéantir les maigres efforts entrepris pour faciliter le partage des informations bancaires ? Faut-il également laisser se détourner une part significative de l’épargne d’investissements plus productifs ? 

       La crainte de brider l’innovation ne doit pas freiner le besoin, légitime et urgent, de réglementation. La période dite de « bac à sable », dans laquelle les cryptoactifs pouvaient se développer anarchiquement sans risque juridique, doit se terminer avant qu’il ne soit trop tard pour intervenir. En tant qu’économistes, responsables et citoyens engagés de différents pays, il est de notre devoir de formuler des propositions en ce sens. Nous souhaitons ainsi que les autorités politiques et les candidats aux élections puissent prendre position sur cette question.

      Quatre principes fondamentaux nous paraissent devoir guider une insertion responsable de l’écosystème des cryptoactifs dans nos sociétés :

      • ne pas autoriser les cryptoactifs dont l’impact sur l’environnement est inutilement nocif ;
      • ne pas autoriser les cryptoactifs ayant pour but avéré de protéger l’anonymat de leurs détenteurs au-delà d’un certain montant de transactions ;
      • prévenir l’émergence d’un système monétaire parallèle qui ne serait pas soumis aux mêmes contraintes que le reste de la société (ou pire encore qui bénéficierait de passe-droits) ;
      • et soumettre l’ensemble des acteurs fournissant des accès en cryptoactifs aux mêmes réglementations que les acteurs financiers traditionnels.

      Si des pays tels que l’Inde, la Turquie, la Bolivie, la Chine, ou le Nigéria ont déjà pris des mesures en ce sens, d’autres tels que la Suède ou la Corée du Sud (qui ne peuvent être qualifiés de technophobes) envisagent de telles mesures. Cela doit nous conduire en premier lieu à exclure, en raison de leur caractère énergivore, le minage de cryptoactifs dont le protocole utilise la preuve de travail (POW). Il convient également de proscrire l’utilisation des plateformes d’échange sans agrément de l’autorité de surveillance des marchés financiers et d’introduire un visa obligatoire pour toute nouvelle introduction sur le marché d’un cryptoactif. Les institutions financières investissant sur ces actifs doivent assortir ces placements d’un niveau élevé de fonds propres. Enfin, il convient de taxer toute opération de conversion entre cryptoactifs comme les opérations de conversion de cryptoactifs en bien réel pour éviter la formation d’un marché parallèle.

      Ces principes et propositions ne prendront tout leur sens que dans le cadre d’une coordination internationale. En ce sens, il serait impératif d’aller vers une supervision globale coordonnée par une institution démocratique internationale, sous le contrôle de l’ONU, avant que la situation ne soit hors de contrôle.

      Below is the tribune in English :

      The development of assets in cryptocurrencies requires urgent action in order to separate the wheat from the chaff

      The emergence of crypto assets is shaking up the financial and monetary worlds.  The market now has a value of more than 2 trillions dollars, offers more than 16,000 different assets and has been growing exponentially for the last few years.  The market capitalisation of bitcoin alone, given its present exchange rate, is now more or less equivalent to the money stock in Swiss francs. Such numbers should not be taken lightly.  The volume of assets in cryptocurrencies is a direct challenge to the financial system and public interest.  However, governments have not yet taken the measure of the risks involved and of the potential damage these developments could cause.

      This lack of action is doubtless due to the difficulty in understanding the diversity of the phenomenon.  The thousands of crypto assets on offer differ in nature and intention.  Some claim to be alternative global currencies (bitcoin); others only aim at facilitating cross-border payments (Ripple’s XRP); others yet are mainly for fun (Dogecoin).  The development of digital assets can indeed shake up some entrenched habits, and introduces useful innovations such as signing « intelligent contracts » through blockchain technology, disintermediating property transfers or accelerating cross-border payments.  This is not to say that crypto assets adequately regulated and put to good use could not have the same role without the major negative characteristics which now hinder rather than help their development.

      In point of fact a certain number of crypto assets, amongst them their poster-child, bitcoin, constitute a social threat.  The energy that blockchains using a « proof of work » type of protocol need (around 131 TWh per year, or more than Switzerland or Belgium) are causing an ecological disaster which can only get worse.  Bitcoin’s volatility can hurt financial stability because it originates in agents whose capital ratios are fragile and who don’t benefit from institutional guarantees, in markets largely under the control of a small number of major crypto asset holders.  Finally, social and monetary cohesion can be threatened by the promises held out to encourage the development of parallel payment systems.  Some crypto assets do indeed threaten personal and national security since they enable the payment of ransom money, tax evasion or the financing of criminal activities and even terrorism.  Cryptocurrencies such as Monero, Dash or Zcash have in fact been developed in order to make it impossible to follow the transactions they are implementing.

      To respond to such legitimate fears with reminders of the failings of the traditional financial and banking system is pointless: of course, the latter has also allowed tax evasion and terrorist financing, as well as the financing of polluting activities, but the solutions to such problems are well-known; they involve for example courts of law seizing international clearing houses, re-enforcing tax administrations, regulating shadow banking… Is the very moment such efforts are made to curb excesses in the financial system, prevent them and punish transgressors, also to be the moment that lets a new unregulated financial Wild West emerge?  Are we to reduce to nought the rather weak efforts to build up information sharing within the financial system by creating new forms of polluting, speculative and unfair assets?  Are we at the same time to let a significant part of our savings escape more productive forms of investment?

      The fear of stifling innovation should deflect from the legitimate and urgent need to regulate.  The so-called « sandbox » moment during which crypto assets could be allowed to develop wildly with no control or accountability needs to end before it is too late to intervene.  As economists, managers and activist citizens from a number of different countries, it behoves us to formulate proposals in support of such action. We thus hope to enable government authorities and electoral candidates to take positions regarding these issues.

      We think the following four fundamental principles should guide the integration of the cryptocurrency ecosystem in our social environments:

      • refuse crypto assets whose impact on the environment is uselessly harmful;
      • Refuse crypto assets whose stated goal is to protect the anonymity of their holders when engaged in transactions above a given threshold;
      • prevent the emergence of a parallel monetary system freed from the social constraints applying to all other agents (or worse, benefitting from privileges and exemptions)
      • and regulate all the agents providing access to assets in cryptocurrencies in the same way as traditional financial agents.

      If countries such as India, Turkey, Bolivia, China, or Nigeria have already taken action along these lines, others such as Sweden or South Korea (countries it would be difficult to consider technophobe) are considering such measures.  These should first of all be the exclusion of crypto assets whose mining involves proof of work (POW) protocols, because of their high energy consumption.  It is also necessary to prohibit the use of trading platforms without authorisation from the financial services regulator and to introduce a visa compulsory for the introduction on the market any new crypto asset.  The capital ratio of the financial institutions investing in such assets must be high.  Finally, all exchanges in crypto assets should be taxed in the same way as exchanges from crypto assets into real-world assets are taxed, in order to avoid the creation of a parallel market.

      These principles and proposals can only make sense within the framework of international cooperation.  The way to go should be towards global supervision coordinated by an international democratic institution supervised by the Organisation of the United Nations, before the situation spins out of control.

       

      Nachfolgend der Tribut auf Deutsch :

      Die Entwicklung des Marktes für Krypto-Assets erfordert dringend Maßnahmen,    und es gilt die Spreu vom Weizen zu trennen

      Die Geld- und Finanzwelt wird derzeit durch das Aufkommen von Krypto-Assets in ihrer Ordnung erschüttert. Mit einer Marktkapitalisierung von über 2 Billionen US-Dollar umfasst dieser Markt mittlerweile mehr als 16 000 Kryptovermögenswerte und verzeichnet seit einigen Jahren ein rasantes Wachstum. Allein die Kapitalisierung des Bitcoin entspricht aufgrund seines Kursanstiegs heute in etwa der Geldmenge des Schweizer Franken. Das Phänomen sollte daher nicht auf die leichte Schulter genommen werden. Aufgrund seines Umfangs stellt es heute direkt die öffentliche Finanzordnung und den Nutzen für das Allgemeinwohl in Frage. Die verantwortlichen staatlichen Stellen sind sich jedoch noch nicht bewußt, welches Ausmaß die Risiken und Schäden haben, die diese Entwicklung mit sich bringen könnte.

      Der Grund für diese Untätigkeit liegt höchstwahrscheinlich in der Komplexität des Phänomens. Denn die Tausenden existierenden Kryptovermögenswerte sind nicht alle von gleicher Art und verfolgen nicht alle denselben Zweck. Einige erheben den Anspruch, globale Währungsalternativen zu bieten (Bitcoin); andere dienen lediglich dazu, grenzüberschreitende Zahlungen zu erleichtern (Ripple); wieder andere stellen einen bloßen Zeitvertreib dar (Dogecoin). Die Entwicklung digitaler Vermögenswerte ermöglicht es zwar, bestimmte Praktiken zu verändern, und führt nützliche Innovationen ein, wie die Möglichkeit, mithilfe der Blockchaintechnologie „intelligente Verträge“ abzuschließen, Eigentumsübertragungen ohne Mittelsmänner durchzuführen oder internationale Zahlungen zu beschleunigen. Gut eingesetzte und regulierte Krypto-Assets könnten allerdings dieselbe Rolle spielen, ohne die negativen Folgen zu haben, welche heute ihrer Verbreitung  mehr schaden als nützen.

      Tatsächlich stellen einige Krypto-Assets – darunter das Flaggschiff Bitcoin – ein wachsendes Risiko für unsere Gesellschaft dar. Blockchains, die ein Proof-of-Work-Protokoll verwenden, verursachen aufgrund ihres Energieverbrauchs (fast 131 TWh, mehr als Belgien oder die Schweiz) eine Umweltkatastrophe, die sich noch verschlimmern wird. Die hohe Volatilität des Bitcoin untergräbt die Finanzstabilität, da das Schürfen durch Akteure mit teilweise schwacher Kapitalisierung und ohne Schutzmechanismen betrieben wird, und dies zudem auf Märkten, die von einigen großen Kryptoanlagenbesitzern weitgehend manipuliert werden. Das Bestreben, die Entwicklung paralleler Zahlungssysteme zu fördern, kann sogar den sozialen und monetären Zusammenhalt gefährden.  Einige Kryptoaktiva stellen darüber hinaus eine große Bedrohung für die Sicherheit von Personen und Staaten dar, da sie Lösegeldforderungen, Steuerhinterziehung oder die Finanzierung krimineller oder gar terroristischer Aktivitäten erleichtern. Kryptoaktiva wie Monero, Dash oder Zcash wurden ja so konzipiert, daß es absolut unmöglich ist, ihre Transaktionen zu verfolgen.

      Auf diese legitimen Befürchtungen mit der Behauptung zu reagieren, daß auch das traditionelle Banken- und Finanzsystem nicht über alle Vorwürfe erhaben ist, geht am Problem vorbei; natürlich hat letzteres auch Steuerflucht und Terrorismusfinanzierung ermöglicht, ebenso wie die Finanzierung umweltschädlicher Aktivitäten, aber die Lösungen für diese Probleme sind bekannt: Durchsuchung der internationalen Clearinggesellschaften durch die Justiz, Stärkung der Steuerverwaltungen, Regulation des Schattenbankwesens usw. Aber sollen wir, während Anstrengungen unternommen werden, um aus diesen Irrungen und Wirrungen herauszukommen, sie zu korrigieren und zu sanktionieren, gleichzeitig einen neuen, unregulierten finanziellen Wilden Westen entstehen lassen? Soll man durch die Neuschaffung umweltschädlicher, spekulativer und unsozialer Vermögenswerte die zaghaften Anstrengungen zunichte machen, die unternommen wurden, um den Austausch von Bankinformationen zu erleichtern? Soll man zulassen, daß ein erheblicher Teil der Ersparnisse von produktiveren Investitionen abgewendet wird?

      Die Angst, Innovationen abzudrosseln, darf nicht den legitimen und dringenden Bedarf an Regulierung ausbremsen. Die „Sandkastenphase“, in der sich Krypto-Assets anarchisch und ohne rechtliche Risiken entwickeln konnten, muß beendet werden, bevor es für ein Eingreifen zu spät ist. Als Wirtschaftswissenschaftler, Führungskräfte und engagierte Bürger aus verschiedenen Ländern ist es unsere Pflicht, entsprechende Vorschläge zu machen. Damit wollen wir erreichen, daß die Machthaber und die Kandidaten für die Wahlen zu diesem Thema Stellung nehmen können.

      Vier Grundprinzipien scheinen uns für eine verantwortungsvolle Eingliederung des Ökosystems der Krypto-Assets in unsere Gesellschaften maßgeblich zu sein:

      • keine Zulassung von Kryptoaktiva, deren Auswirkungen unnötig umweltschädlich sind;
      • keine Zulassung von Kryptoaktiva, deren Zweck nachweislich darin besteht, die Anonymität ihrer Besitzer ab einer bestimmten Transaktionshöhe zu schützen;
      • Verhinderung der Entstehung eines parallelen Währungssystems, das nicht denselben Beschränkungen unterliegt wie der Rest der Gesellschaft (oder, schlimmer noch,  Sonderrechte genießt);
      • Unterwerfung aller Akteure, die Zugang zu Krypto-Assets bieten, unter dieselben Regelungen wie traditionelle Finanzakteure.

      Während Länder wie Indien, die Türkei, Bolivien, China oder Nigeria diesbezüglich bereits entsprechende Maßnahmen ergriffen haben, ziehen andere Länder wie Schweden oder Südkorea (die nicht gerade als technikfeindlich bezeichnet werden können) solche Maßnahmen bereits in Betracht. Dies sollte uns in erster Linie Anlaß genug sein, das Schürfen derjenigen Krypotwährungen zu verbieten, die aufgrund des verwendeten Proof-of-Work Protokolls (POW) besonders energieintensiv sind. Außerdem sollte die Nutzung von Handelsplattformen ohne Zulassung durch die Finanzmarktaufsicht untersagt und eine Visumspflicht für jede neue Markteinführung eines Kryptoaktivums initiiert werden. Finanzinstitute, die in diese Vermögenswerte investieren, müssen diese Anlagen mit einem hohen Maß an Eigenkapital unterlegen. Schließlich sollten alle Umtauschgeschäfte zwischen Kryptoaktiva wie Umtauschgeschäfte von Kryptoaktiva in reale Güter besteuert werden, um die Bildung eines Parallelmarktes zu verhindern.

      Diese Grundsätze und Vorschläge werden nur im Rahmen einer internationalen Koordinierung ihre volle Wirkung entfalten können. In diesem Sinne wäre es zwingend notwendig, auf eine globale Aufsicht hinzuarbeiten, die von einer internationalen demokratischen Institution unter der Kontrolle der Vereinten Nationen koordiniert wird, bevor die Situation außer Kontrolle gerät.

       

      Di seguito il articolo in italiano :

      È urgente agire sullo sviluppo del mercato delle criptovalute e separare il grano dalla pula

      Il mondo monetario e finanziario è attualmente messo sottosopra dall’emergere delle criptovalute. Con più di 2.000 miliardi di dollari di capitalizzazione, questo mercato comprende ora più di 16.000 criptovalute e sta crescendo ad un ritmo rapidissimo negli ultimi anni. La capitalizzazione del solo bitcoin, a causa del suo prezzo crescente, è ora circa uguale alla massa monetaria del franco svizzero. Il fenomeno non deve quindi essere preso alla leggera. Il volume di bitcoin oggi sfida direttamente l’ordine pubblico finanziario e l’interesse generale. Tuttavia, le autorità non hanno finora preso la misura dei rischi e dei danni che questo sviluppo potrebbe causare.

      La difficoltà di cogliere la diversità del  fenomeno è probabilmente la spiegazione di questa inerzia si spiega senza dubbio dalla difficoltà di cogliere la diversità del fenomeno. Infatti, le migliaia di criptovalute esistenti non sono della stessa natura e non hanno lo stesso scopo. Alcune pretendono di essere alternative monetarie globali (Bitcoin); altre servono solo a facilitare i pagamenti transfrontalieri (Ripple); altre ancora servono solo per divertirsi (Dogecoin). Lo sviluppo delle valute digitali permette sicuramente di smuovere certe pratiche introducendo utili innovazioni come la possibilità di concludere « contratti intelligenti » grazie alla tecnologia blockchain, per fare a meno di intermediari nei trasferimenti di proprietà o accelerare i pagamenti internazionali. Ma le criptovalute ben utilizzate e ben regolate potrebbero svolgere lo stesso ruolo senza la grande negatività che attualmente colpisce, piuttosto che sostenere la loro ascesa.

      Perché alcune criptovalute, tra cui il bitcoin che ne è l’emblema, stanno ponendo rischi crescenti per le nostre società. A causa dell’energia a loro necessaria (quasi 131 TWh, cioè più del Belgio e della Svizzera), dal momento che le blockchain  utilizzano un protocollo proof-of-work stanno causando un disastro ecologico, che peggiorerà. L’alta volatilità del bitcoin mina la stabilità finanziaria perché è gestita da attori con una capitalizzazione a volte fragile e senza garanzie, in mercati peraltro ampiamente manipolati da pochi grandi detentori di criptovalute. Infine, la coesione sociale e monetaria può essere minacciata dalle pretese di alcuni di incoraggiare lo sviluppo di sistemi di pagamento paralleli. Alcune criptovalute rappresentano anche una seria minaccia per la sicurezza degli individui e degli stati, poiché facilitano le richieste di riscatto, l’evasione fiscale o il finanziamento di attività criminali, addirittura terroristiche. Le criptovalute come Monero, Dash o Zcash sono state anche progettate per rendere assolutamente impossibile tracciare le loro operazioni.

      Rispondere a questi legittimi timori dicendo che anche il sistema bancario e finanziario tradizionale non è esente da colpe è irrilevante: quest’ultimo ha ovviamente anche permesso anche l’evasione fiscale e il finanziamento del terrorismo, così come il finanziamento di attività inquinanti, ma le soluzioni sono note: mettere sotto controllo della giustizia le stanze di compensazione internazionali, il rafforzamento delle amministrazioni fiscali, la regolamentazione del shadow banking. Mentre vengono fatti sforzi per venire fuori da questi provvedimenti sbagliati, dovremmo permettere che emerga un nuovo Farwest finanziario non regolamentato? Dobbiamo chiederci se ricreando nuovi beni inquinanti, speculativi e diseguali, non cancelliamo i pochi sforzi portati avanti per facilitare la condivisione delle informazioni bancarie. Dobbiamo anche chiederci se si deve permettere che una parte importante dei risparmi sia sviata da investimenti più produttivi?

      Il timore di tenere a freno l’innovazione non deve scoraggiare il bisogno legittimo e urgente di regolamentazione. Il cosiddetto periodo « sandbox », in cui le criptovalute potevano svilupparsi anarchicamente senza rischi legali, deve finire prima che sia troppo tardi per intervenire. Come economisti, leader e cittadini impegnati, di diversi paesi, è nostro dovere fare proposte in questa direzione. Speriamo che le autorità politiche e i candidati alle elezioni sia in Francia che in altri paesi possano prendere posizione su questo tema.

      Quattro principi fondamentali ci sembrano dovere guidare un inserimento responsabile dell’ecosistema delle criptovalute nelle nostre società:

      • Non autorizzare le criptovalute il cui impatto sull’ambiente è inutilmente dannoso;
      • Non autorizzare le criptovalute il cui scopo accertato è di proteggere l’anonimato dei loro titolari al di sopra di una certa quantità di transazioni;
      • Impedire l’emergere di un sistema monetario parallelo che non fosse soggetto agli stessi vincoli del resto della società (o peggio, che beneficerebbe di privilegi);
      • Sottoporre tutti gli attori che forniscono l’accesso alle criptovalute agli stessi regolamenti degli attori finanziari tradizionali.

      Paesi come l’India, la Turchia, la Bolivia, la Cina e la Nigeria hanno già fatto dei passi in questa direzione, altri come la Svezia e la Corea del Sud (che non possono essere definiti tecnofobici) stanno considerando tali misure. Questo dovrebbe portarci prima di tutto ad escludere per la loro natura energivora il mining di criptovalute il cui protocollo utilizza la prova di lavoro (POW), a causa della loro natura che consuma energia. L’uso di piattaforme di scambio senza una autorizzazione dell’autorità di vigilanza dei mercati finanziari dovrebbe anche essere vietato e una autorizzazione  obbligatoria dovrebbe essere introdotta per ogni nuova introduzione sul mercato di una criptovaluta. Le istituzioni finanziarie che investono in queste attività devono avere un alto livello di fondi propri. Infine, qualsiasi operazione di conversione tra criptovalute dovrebbe essere tassata come le operazioni di conversione di beni reali per evitare la formazione di un mercato parallelo.

      Questi principi e proposte avranno senso solo nel contesto di un coordinamento internazionale. In questo senso, sarebbe imperativo andare verso una supervisione globale coordinata da un’istituzione internazionale democratica, sotto il controllo dell’ONU, prima che la situazione vada fuori controllo.

      Adhérez et rejoignez-nous

      Adhérez

       

      A continuación, nuestro texto en español:

      Es urgente actuar sobre el desarrollo del mercado de criptoactivos y separar el trigo de la paja

      El mundo monetario y financiero está siendo puesto patas arriba por la aparición de los criptoactivos. Con más de 2 billones de dólares de capitalización, este mercado incluye ahora más de 16.000 criptoactivos y ha crecido a un ritmo acelerado durante los últimos años. Sólo la capitalización del bitcoin, debido a su creciente precio, equivale aproximadamente a la masa monetaria del franco suizo en la actualidad. Por tanto, el fenómeno no debe tomarse a la ligera. El gran volumen de bitcoin desafía ahora directamente el orden público financiero y el interés general. Sin embargo, las autoridades no se han dado cuenta todavía de los riesgos y perjuicios que esta evolución podría causar.

      Esta inacción se debe sin duda a la dificultad para comprender la diversidad del fenómeno. De hecho, los miles de criptoactivos existentes no son de la misma naturaleza, ni tienen la misma finalidad. Algunos pretenden ser alternativas monetarias globales (Bitcoin); otros sólo sirven para facilitar los pagos transfronterizos (Ripple); y otros se han creado sólo por diversión (Dogecoin). Sin duda, el desarrollo de los activos digitales está sacudiendo ciertas prácticas e introduciendo innovaciones útiles como la posibilidad de celebrar « contratos inteligentes » gracias a la tecnología blockchain, obviando a los intermediarios en las transferencias de propiedades o agilizando los pagos internacionales. Los criptoactivos bien utilizados y regulados podrían desempeñar el mismo papel sin la gran negatividad que actualmente empaña, en lugar de servir, su ascenso.

      Porque algunos criptoactivos, incluido el emblemático bitcoin, están planteando riesgos crecientes para nuestras sociedades. Debido a la energía que requieren (casi 131 TWh, más que Bélgica y Suiza), las cadenas de bloques que utilizan un protocolo de prueba de trabajo están provocando un desastre ecológico, que va a empeorar . La alta volatilidad del bitcoin socava la estabilidad financiera porque lo operan actores con una capitalización a veces frágil y sin salvaguardas, en unos mercados que, por lo demás, están ampliamente manipulados por unos pocos grandes tenedores de criptoactivos. Por último, la cohesión social y monetaria puede verse amenazada por las pretensiones de algunos de fomentar el desarrollo de sistemas de pago paralelos. Algunos criptoactivos también suponen una grave amenaza para la seguridad de las personas y de los Estados, ya que facilitan la demanda de rescates, la evasión fiscal o la financiación de actividades delictivas e incluso terroristas. Criptoactivos como Monero, Dash o Zcash han sido incluso diseñados para que sea absolutamente imposible rastrear sus operaciones.

      Responder a estos temores legítimos afirmando que el sistema bancario y financiero tradicional tampoco está exento de culpa es irrelevante: es evidente que este último también ha permitido la evasión fiscal y la financiación del terrorismo, así como la financiación de actividades contaminantes, pero las soluciones son conocidas. No obstante, Mientras se hacen esfuerzos para corregir y castigar estos errores: ¿debemos permitir que surja un nuevo Salvaje Oeste financiero no regulado? ¿Debemos permitir que se destruyan los escasos esfuerzos por facilitar el intercambio de información bancaria recreando nuevos activos contaminantes, especulativos y desiguales? ¿Debemos permitir también que una parte importante del ahorro se desvíe de inversiones más productivas?

       

      El miedo a ahogar la innovación no debe amortiguar la legítima y urgente necesidad de regulación. El llamado periodo « sandbox », en el que los criptoactivos podían desarrollarse anárquicamente sin riesgo legal, debe terminar antes de que sea demasiado tarde para intervenir. Como economistas, responsables políticos y ciudadanos comprometidos de diferentes países, es nuestro deber hacer propuestas en este sentido. Esperamos que las autoridades políticas y los candidatos a las elecciones que se lleven a cabo los próximos meses sean capaces de adoptar una postura al respecto.

      Cuatro principios fundamentales nos parecen que deben guiar una inserción responsable del ecosistema de criptoactivos en nuestras sociedades:

      • no autorizar criptoactivos cuyo impacto en el medio ambiente sea innecesariamente perjudicial ;
      • no permitir criptoactivos con un propósito probado de proteger el anonimato de sus titulares a partir de una determinada cantidad de transacciones;
      • evitar la aparición de un sistema monetario paralelo que no esté sujeto a las mismas limitaciones que el resto de la sociedad (o peor, que beneficie de privilegios);
      • y someter a todos los agentes que dan acceso a los criptoactivos a la misma normativa que los agentes financieros tradicionales.

      Mientras que países como India, Turquía, Bolivia, China y Nigeria ya han dado pasos en esta dirección, otros como Suecia y Corea del Sur (que no pueden ser calificados de tecnofóbicos) están considerando este tipo de medidas. Esto debería llevarnos, en primer lugar, a excluir la minería de criptoactivos cuyo protocolo utiliza la prueba de trabajo (POW), debido a su elevado consumo de energía. También debería prohibirse el uso de plataformas de intercambio sin una licencia de la autoridad de supervisión del mercado financiero y debería introducirse un visado obligatorio para cualquier nueva introducción en el mercado de un criptoactivo. Las instituciones financieras que invierten en estos activos deberían contar con un alto nivel de respaldo de capital. Por último, cualquier transacción de conversión entre criptoactivos debería tributar como transacciones de conversión de activos reales para evitar la formación de un mercado paralelo.

      Estos principios y propuestas sólo tendrán sentido en el contexto de una coordinación internacional. En este sentido, sería imperativo avanzar hacia una supervisión global coordinada por una institución democrática internacional, bajo el control de la ONU, antes de que la situación se salga de control.

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