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Repenser les relations avec les sociétés africaines

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      Repenser les relations avec les sociétés africaines

      La France ne doit plus voir en l’Afrique le théâtre de sa puissance, « le seul [continent] où elle peut, avec cinq cents hommes, changer le cours de l’histoire » comme le disait Louis de Guiringaud, alors ministre des affaires étrangères, dans les années 1970. Plus que toute forme de néocolonialisme ou d’affairisme, c’est sans doute cette illusion persistante qui confère encore aux relations franco-africaines leur anormalité. Les pays africains écrivent leur propre histoire et la position de la France, réelle ou fantasmée, y est mise en concurrence avec celle d’autres puissances. Il ne s’agit pas de se résigner à un quelconque déclassement, au motif qu’il serait le fruit du grand rééquilibrage du monde, ni de faire de l’Afrique le décor d’un nouveau Grand Jeu. Ce serait dans un cas comme dans l’autre ignorer tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle sera : 1,3 milliard d’humains aujourd’hui et 2,5 milliards en 2050. Mais au-delà d’une politique conforme à nos intérêts et à nos valeurs, il nous faut avoir une relation avec les pays africains qui repose sur une connaissance et un respect mutuels.

      Emmanuel Macron soulignait, dans un entretien récent avec Jeune Afrique, que « pendant des décennies, nous avons entretenu avec l’Afrique une relation très institutionnelle ». Il rappelait dans ce même entretien les différentes initiatives qu’il a engagées pour dépasser ce constat : restitution du patrimoine africain, fin du franc CFA, saison Africa 2020. Cette note propose de prolonger la réflexion. Disons-le d’emblée, elle n’a pas pour prétention d’épuiser le sujet mais d’explorer quelques pistes, parfois dans la droite ligne de ce qui a été commencé, parfois en proposant des bifurcations. Elle veut réfléchir aux moyens d’« écouter le blé qui lève, encourager les potentialités secrètes, éveiller toutes les vocations à vivre ensemble que l’histoire tient en réserve », selon les mots de Claude Lévi-Strauss. Les questions strictement géopolitiques, celles qui, justement, relèvent de relations très institutionnelles, n’y sont pas abordées. Une réflexion plus large sur la politique africaine de la France est néanmoins nécessaire et ne pourra pas faire l’économie d’examiner la légitimité et l’efficacité des interventions militaires comme des stratégies diplomatiques.

      L’Afrique est un continent divers. Pas plus la géographie que le panafricanisme, politique, culturel ou institutionnel, ne lui confèrent une unité suffisante pour la considérer en bloc. Parler d’Afrique, comme de toute région du monde, c’est nécessairement faire varier la focale et parfois réfléchir à l’universel. C’est pourquoi certains des points abordés dans cette note pourraient tout aussi bien l’être à propos de continents différents, tandis que d’autres concernent d’abord des régions voire des pays particuliers. Pour autant, certains facteurs historiques (esclavage, colonisation), démographiques (transitions inachevées, urbanisation), économiques (prévalence de la pauvreté, importance de l’économie informelle, des industries extractives et de l’agriculture), sociopolitiques (faiblesse des appareils étatiques) qui marquent nombre de sociétés africaines et notre relation à elles justifient que, en faisant la part des exceptions et de la diversité, nous placions notre réflexion, en son point de départ, à ce niveau continental.

      I. Clarifier les héritages du passé pour bâtir un avenir commun

      Pour dialoguer avec les sociétés africaines, il n’est ni possible ni souhaitable d’ignorer les fantômes du passé. L’histoire des relations entre la France et les pays africains est marquée par l’esclavage, la colonisation et l’interventionnisme postcolonial. Il ne s’agit pas de solder cet héritage pour repartir à zéro. On peut en revanche remettre en cause certaines survivances et favoriser la connaissance, sur des fondements scientifiques, de ces autres passés qui ne passent pas. À défaut de dépassionner le débat, ce qui prendra du temps, il s’agit de lui donner des bases plus saines, de discuter le dissensus plutôt que de le dissimuler. C’est une affaire difficile car elle mêle la mémoire et l’histoire, le symbole et le concret. Mais c’est une nécessité. En la matière, Emmanuel Macron a pris des initiatives intéressantes mais qu’il convient d’approfondir ou de concrétiser.

      En 2017, alors candidat, il a parlé en Algérie de crime contre l’humanité à propos de la colonisation. Un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie lui a par ailleurs été remis par Benjamin Stora le 20 janvier. La commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi a quant à elle été créée en avril 2019 pour deux ans et placée sous la présidence de l’historien Vincent Duclert. Composée de quinze experts, elle a pour objectif, sur la base des archives françaises (y compris classifiées) relatives à la période de 1990 à 1994, « d’analyser le rôle et l’engagement de la France au Rwanda […] en tenant compte du rôle des autres acteurs » et « de contribuer au renouvellement des analyses historiques sur les causes du génocide des Tutsi, profondes et plus conjoncturelles, ainsi que sur son déroulement, en vue d’une compréhension accrue de cette tragédie historique et de sa meilleure prise en compte dans la mémoire collective, notamment par les jeunes générations ». Cette initiative, basée sur une démarche scientifique, paraît salutaire, tant le génocide des Tutsi en 1994 constitue un événement majeur de notre histoire contemporaine, et tant le rôle de la France (accusée par certains d’avoir favorisé les génocidaires) est discuté. Le physicien et membre de l’association Survie François Graner, sur la base notamment de nouvelles recherches dans les archives de François Mitterrand, a ainsi affirmé dans un entretien au Monde le 16 janvier que « la politique française qui a été menée est une complicité de génocide ».

      Pas plus que le rapport de 1998 rédigé par une mission parlementaire présidée par Paul Quilès, celui de la commission, aussi rigoureux soit-il, ne mettra sans doute fin aux débats, ne fût-ce que parce que les sources resteront largement classifiées. Mais il peut constituer une étape majeure dans la construction d’une histoire de cette période qui résonne encore fortement. Hélas la composition de la commission a fait polémique dès le départ (sans que les compétences de ses membres soient niées), écartant des historiens spécialistes du génocide rwandais au profit d’universitaires travaillant sur des sujets connexes. La mise en retrait, plus récemment, d’une des membres de la commission dont des écrits portant un jugement favorable sur l’intervention de l’armée française au Rwanda (opération Turquoise) ont été exhumés, a accru le malaise sur ce sujet déjà si délicat. Alors que la note intermédiaire remise par la commission en avril 2020 mentionnait les contraintes que la crise sanitaire avait fait peser sur ses travaux, il paraît utile de prolonger sa mission d’un an et d’en revoir la composition dans un sens plus inclusif afin de renforcer la confiance dans ses conclusions futures. Les universitaires spécialistes du sujet devraient y avoir toute leur place, même lorsqu’ils ont, à l’issue d’un travail scientifique, déjà proposé une interprétation de l’action française.

       

      Proposition 1 : Étendre d’un an le mandat de la commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi et revoir sa composition pour l’élargir à l’ensemble des spécialistes.

       

      La réforme du franc CFA d’Afrique de l’Ouest constitue une autre initiative marquante. Annoncée conjointement par Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara en décembre 2019, elle s’articule autour de trois axes : le changement de nom de la monnaie (virtuel à ce stade, le franc CFA continuant de circuler) ; la fin de la centralisation des réserves de change de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest auprès du Trésor français ; le retrait de la France des instances de cette même banque centrale. L’Assemblée nationale a adopté le 10 décembre la loi encadrant cette évolution. Le taux de change fixe entre la nouvelle monnaie et l’euro ainsi que la garantie de convertibilité assurée par la France sont maintenues. Cela ne met donc pas fin aux débats sur les vertus (stabilité) ou défauts (surévaluation) de la politique monétaire suivie et sur une parité qui profite plutôt aux élites qui placent leur argent (y compris mal acquis) en Europe qu’aux populations. Cela ne brise pas non plus les liens entre la France et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Mais les manifestations postcoloniales les plus visibles de ces liens disparaissent.

      Il est malheureux que le nom choisi pour la nouvelle monnaie, l’eco, soit celui-là même que la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (qui rassemble quinze pays dont les huit pays ouest-africains utilisant le franc CFA) avait adopté pour son projet de future monnaie commune. Cela a complètement parasité l’annonce de la réforme et suscité l’ire de pays tels que le Nigéria, en donnant le sentiment que la France et ses huit partenaires francophones préemptaient le projet à quinze. Avec ce bémol donc, l’initiative est louable, et montre que le franc CFA (désormais l’eco) peut évoluer si les pays concernés le veulent, autrement dit que leur souveraineté est réelle et que des réformes ultérieures sont envisageables. Il est souhaitable que le franc CFA d’Afrique centrale ainsi que le franc comorien connaissent des processus similaires. Ceux-ci ne pourront bien sûr avoir lieu qu’en accord avec les pays concernés. Les pays d’Afrique centrale y semblent prudemment disposés. Il nous semble que la France doit prendre position de manière claire en faveur d’une telle réforme.

       

      Proposition 2 : Prendre clairement position pour une réforme du franc CFA d’Afrique centrale et du franc comorien visant à réduire la place de la France dans la gouvernance de ces monnaies.

       

      Lors de son discours fleuve à l’université Ki-Zerbo de Ouagadougou, en 2017, le président de la République s’est engagé à créer les conditions pour des restitutions du patrimoine africain détenu en France. Un an plus tard l’intellectuel sénégalais Felwin Sarr et l’universitaire française Bénédicte Savoy lui remettaient un rapport qui faisait débat voire choquait : questionnant le principe d’inaliénabilité des collections publiques, il adoptait une définition maximaliste de la notion de restitution, abordait sans l’approfondir la notion complexe de réparation et proposait de présumer pour de nombreux objets qu’ils avaient été acquis par spoliation. Placé sous le signe d’« une nouvelle éthique relationnelle » (c’est le sous-titre du rapport), il avait néanmoins le mérite d’ouvrir le chantier et de ne pas envisager la question des restitutions sous le seul angle du passé mais aussi sous celui de l’avenir dont elles sont porteuses. Les restitutions ne sont pas un impossible retour en arrière ; elles doivent permettre une réappropriation féconde. Elles ne mettent pas fin aux circulations mais en créent au contraire de nouvelles. La loi sur la restitution de biens culturels au Bénin (vingt-six objets constituant le trésor de Béhanzin) et au Sénégal (le sabre dit d’El Hadj Omar Tall), adoptée définitivement  par le Parlement le 17 décembre dernier, constitue une première traduction concrète de cette initiative. Mais elle est loin de répondre aux demandes africaines qui doivent être entendues.

      Lors de l’examen de ce texte au Parlement, la sénatrice Catherine Morin-Desailly a proposé la création d’un conseil national de réflexion sur la circulation et le retour d’œuvres d’art extra-occidentales pour conseiller le Gouvernement et le Parlement. Cette idée a été repoussée par le Gouvernement qui privilégie une approche œuvre par œuvre sans calendrier défini. Or si l’on peut entendre que la spécificité de chaque objet, la multiplicité des pays destinataires possibles et le caractère encore embryonnaire des processus de restitutions rendent difficiles l’adoption d’une loi cadre, il nous semble en revanche que les questions que ces processus soulèvent (y compris sur leurs limites) sont d’une ampleur et d’une transversalité qui justifient une réflexion approfondie et inclusive neutralisant l’arbitraire. Le rapport de Bénédicte Savoy et Felwin Sarr, comme l’a d’ailleurs reconnu la ministre de la culture (et comme le rapport l’admet lui-même), ne peut en constituer l’aboutissement. Nous soutenons donc la proposition de la sénatrice Catherine Morin-Desailly, d’ailleurs adoptée par le Sénat mais écartée par l’Assemblée nationale. Cette commission scientifique ne traiterait pas de la question, distinctes, des restes humains. Malgré les spécificités du cas africain (nombre d’œuvres concernées, absence fréquente de continuité entre les communautés spoliées et les constructions politiques actuelles, mobilisation régionale à travers par exemple l’Agenda 2063 de l’Union africaine), elle pourrait également répondre à des demandes venant d’ailleurs. Enfin, elle devrait associer des experts africains et éventuellement étrangers.

       

      Proposition 3 : Créer une commission scientifique chargée d’éclairer le Gouvernement et le Parlement dans la poursuite du processus de restitution des biens culturels.

       

      II. Construire des partenariats avec les sociétés civiles africaines

      Le sommet Afrique-France qui devait avoir lieu en juin 2020 à Bordeaux sur le thème de la ville durable a été repoussé en raison de la crise sanitaire ; il se tiendra finalement en juillet 2021 à Montpellier et sera tourné vers la jeunesse et la société civile. Les contours exacts de l’exercice restent à préciser. Il faut souhaiter qu’au-delà de l’événement, ce sommet permettra de marquer une inflexion dans la conception et la construction de partenariats avec les sociétés civiles africaines, et pas uniquement dans les pays francophones. Les sociétés civiles africaines ne sont pas uniformes, ont des capacités et des rôles très différents selon les pays, mais leur importance est considérable. Au-delà des organisations les plus connues comme Y en a marre (Sénégal), le Balai citoyen (Burkina Faso) ou la Lucha (République démocratique du Congo), de figures célèbres comme Leymah Gbowee, Denis Mukwege ou Oby Ezekwesili, c’est une myriade de mouvements plus ou moins structurés, plus ou moins autonomes, qui contribuent à promouvoir les droits de l’homme, la vie démocratique et le développement durable et parfois à pallier les défaillances des appareils étatiques. Nouer des partenariats avec eux relève de l’évidence si l’on veut dialoguer avec les sociétés africaines. Parce que ces partenariats ne peuvent naître que du terrain, en complémentarité avec les relations intergouvernementales, leur conception doit être déconcentrée.

      C’est pourquoi l’une des premières mesures à envisager est de redonner aux ambassades les moyens de mener des projets avec la société civile. Cette note n’a pas pour objet de revenir sur la politique de développement, qu’il est d’ailleurs à nouveau question de réformer, mais force est de constater que le transfert de nombreuses compétences du ministère des affaires étrangères à l’Agence française de développement (AFD) a réduit les marges de manœuvre en la matière. Le fonctionnement de l’AFD, centralisé, bancarisé, n’est pas adapté à des échanges substantiels avec la société civile. À côté des financements qu’elle met en œuvre, représentant plusieurs centaines de milliers à plusieurs millions d’euros et confiés à des organisations bien structurées sur plusieurs années, qui font l’objet d’un suivi d’abord financier, il faut des enveloppes plus réduites mais plus nombreuses, de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’euros, plus souples, qui puissent éventuellement servir d’amorce à des partenariats plus structurés une fois la relation établie. Elles doivent être mises en œuvre par les ambassades, présentes sur le terrain, et non décidées depuis un siège parisien. La décision de renforcer les fonds de solidarité prioritaires pour les projets innovants (aide-projet gérée par le ministère des affaires étrangères) témoigne d’une prise de conscience salutaire en ce sens.

      Des mécanismes de financement adaptés existent, notamment sous la forme des projets innovants des sociétés civiles et coalitions d’acteurs, mais ils restent sous-dimensionnés, ne permettant ni de multiplier les partenariats ni de les développer sur le moyen terme. Le projet de loi de finances pour 2020 prévoyait 39 millions d’euros d’autorisations d’engagement pour les partenariats en matière d’objectif de développement durable pour le ministère des affaires étrangères. Dans le même temps, le dispositif d’initiatives des organisations de la société civile de l’AFD représentait 110 millions d’euros d’autorisations d’engagement. Ce dispositif ne s’adresse qu’à des organisations non-gouvernementales françaises, qui sont elles-mêmes en lien avec des partenaires africains. Les frais de gestion cumulés de l’AFD et des bénéficiaires de premier rang amputent les sommes annoncées de l’ordre de 20 % avant même qu’elles arrivent en Afrique. Dans un contexte de hausse annoncée de l’aide au développement française, il apparaît nécessaire que les nouveaux financements au profit des sociétés civiles bénéficient d’abord aux enveloppes mises en œuvre par les ambassades.

       

      Proposition 4 : Multiplier par deux à trois, à court terme, les moyens des ambassades pour nouer des partenariats avec la société civile, si besoin par redéploiement de crédits de l’Agence française de développement.

       

      Qu’il s’agisse de l’AFD ou du ministère des affaires étrangères, la transparence de l’aide est une nécessité absolue. Inscrite dans la déclaration de Paris (2005) et le partenariat de Busan (2011), elle est un devoir à la fois à l’égard des citoyens et contribuables français que des citoyens et bénéficiaires africains. Or dans la pratique cette transparence est loin d’être effective et il est souvent difficile de savoir ce que cachent les chiffres mirobolants mis en avant dans les conférences internationales. Si le site de données publiques du gouvernement français ainsi que celui de l’AFD contiennent de nombreuses informations, y compris sur les programmes des filiales de cette dernière (Proparco, Expertise France), il suffit de les explorer pour voir que les données sont parcellaires et fragmentées. Le rapport d’Hervé Berville sur l’aide au développement faisait déjà en 2018 le constat que « si la France a fait des progrès non négligeables depuis 2013 en matière de transparence, avec notamment la création d’un portail open data sur l’activité du groupe AFD, le site français ne permet toutefois pas un accès aussi large aux projets que les dispositifs mis en place dans d’autres pays ».

      Ce rapport proposait donc de créer une plate-forme unique cartographiant les projets de développement financés par la France et mis en œuvre par différents canaux. Il suggérait en outre de conférer une dimension interactive à cette plate-forme pour permettre à chaque citoyen de contribuer directement à un projet donné. Il nous semble plutôt que l’interactivité doit servir en premier lieu aux bénéficiaires. Si le degré de précision des informations est suffisant (en justifiant d’éventuelles exceptions liées à la situation sécuritaire), ceux-ci pourraient en effet témoigner, y compris par des documents ou des photographies, de l’état d’avancement des projets, de leur bonne exécution ou au contraire d’éventuelles mauvaises pratiques. A minima des organisations de la société civile actives dans les zones concernées, identifiées par les ambassades et l’AFD sur place, pourraient avoir accès à la plate-forme pour porter ces témoignages. Cela suppose bien sûr d’affecter des moyens, notamment humains, à l’objectif de transparence de l’aide, et d’accepter des remises en cause. Mais nous croyons que les bénéfices en seraient considérables pour la légitimité et l’efficacité de nos interventions. Cette plateforme pourrait être pilotée par le ministère des affaires étrangères.

       

      Proposition 5 : Lancer à l’horizon d’un an un portail exhaustif de transparence de l’aide publique au développement française permettant une interaction avec les bénéficiaires.

       

      De la même manière que les bénéficiaires de l’aide au développement ne doivent pas être vus comme passifs, les sociétés civiles africaines ne sont pas simplement en attente d’un soutien venant de la France ou d’ailleurs. Elles sont pleinement actrices de la marche du monde, et leur mobilisation résonne bien souvent au-delà des frontières de leurs pays. Des réseaux se mettent en place pour partager leurs expertises. Celles-ci peuvent, doivent, être traitées d’égal à égal avec celles que nous cherchons à leur apporter. Autrement dit, dialoguer avec les sociétés africaines, c’est reconnaître qu’elles ont à nous apprendre aussi bien que l’inverse, et notamment sur des sujets qui ne sont pas proprement africains. On sait toute la richesse qui naît du regard de l’autre. C’est pourquoi il nous semble qu’inviter des représentants de la société africaine à travailler, avec leurs homologues français, sur des sujets tels que les droits de l’homme, le changement climatique ou la lutte contre la corruption contribuerait à rééquilibrer le dialogue et mieux appréhender nos défis communs.

      Pour donner un caractère structuré à ce type d’échanges, sans chercher à déposséder les pays africains de leurs talents, des personnalités pourraient participer à des instances consultatives ne supposant pas une mobilisation à plein temps. On peut penser par exemple (le débat est ouvert) à la Commission nationale consultative des droits de l’homme ou au Haut conseil pour le climat. Nous pourrions proposer de faire de même au niveau européen, y compris avec des organisations régionales. L’Union africaine pourrait devenir, comme l’Organisation des États américains, observatrice du GRECO, le groupe de lutte contre la corruption du Conseil de l’Europe. Le nombre de personnalités et d’organisations concernées serait nécessairement limité. Mais, au-delà du symbole, c’est la démarche qui compte, celle de reconnaître et développer la réciprocité dans les contributions. Cette démarche pourrait s’appliquer à d’autres pays que les pays africains. Mais c’est avec eux qu’elle paraît à la fois la plus nécessaire, compte tenu de la communauté de destin qui nous unit, la plus facile à certains égards (pour les francophones en particulier), et pourtant la plus lointaine, en raison de l’asymétrie qui continue encore trop souvent de dominer nos rapports.

       

      Proposition 6 : Inviter des représentants de la société civile africaine à participer à des instances consultatives françaises sur des thématiques d’intérêt partagé.

      III. Favoriser les circulations pour encourager la connaissance mutuelle

      Renforcer nos liens avec les sociétés africaines au-delà des relations de gouvernement à gouvernement suppose d’encourager les circulations entre nos pays. Cela vaut aussi bien pour les pays francophones avec lesquels nous avons des échanges migratoires anciens que pour les pays anglophones et autres. C’est une évidence qui se heurte à la volonté de réduire les flux migratoires, manifestée notamment au sommet de La Valette en 2015. Pourtant, au-delà des propositions évoquées ci-dessus, qui sont du ressort du gouvernement, un véritable dialogue avec les sociétés africaines suppose de mettre celles-ci en contact avec notre propre société, pour que se construisent une connaissance mutuelle ainsi que des solidarités de fait.

      À cet égard, la décision d’augmenter les frais universitaires pour les étudiants étrangers en France (nombre d’entre eux africains) est problématique. Il est trop tôt pour faire le bilan de cette réforme annoncée en 2018, par ailleurs contournée par un certain nombre d’établissements et percutée par la crise sanitaire. Mais il est assez clair que cela ne peut que décourager une partie des étudiants africains à venir en France. Or attirer ces étudiants pour former les élites africaines de demain est à la fois un puissant levier d’influence et une irremplaçable mise en contact de nos sociétés. D’autres pays l’ont bien compris, qui ont une politique d’attractivité volontariste : selon un rapport de l’UNESCO, la Chine est le pays qui offre le plus de bourses aux pays d’Afrique subsaharienne, avec 12 000 bourses par an, en augmentation rapide, suivie de l’Afrique du Sud, de la Russie, du Royaume-Uni, de la Turquie, de l’Égypte, de l’Inde, de l’Allemagne et du Japon.

      Plusieurs arguments peuvent plaider contre une annulation pure et simple de la réforme : volonté de sélectionner mieux les étudiants (des critères de mérite doivent prévaloir et permettre d’encourager les meilleurs élèves non issus de la reproduction des élites), caractère plus redistributif d’un système de bourses, théorie du signal prix sur la qualité des études. Mais il conviendrait d’augmenter alors significativement les bourses attribuées aux étudiants souhaitant faire leurs études en France. Les bourses du gouvernement français et les bourses cofinancées représentaient 59 millions d’euros en projet de loi de finance 2020. Ce montant pourrait être triplé sans même remettre en cause la majorité des gains escomptés à la suite de la mise en place de la réforme, estimés à 250 millions d’euros par an selon un rapport des députés Pascal Brindeau et Marion Lenne de 2019.

       

      Proposition 7 : Tripler à court terme le nombre de bourses du gouvernement français et les bourses cofinancées à destination des étudiants africains, et évaluer à moyen terme les effets de la réforme.

       

      La question des visas est évidemment centrale pour faciliter les circulations entre la France et les pays africains. Édouard Philippe a annoncé en 2017 un dispositif visant à délivrer les visas de court séjour en quarante-huit heures dans dix nouveaux pays. Aucun n’est africain. Parmi les huit pays qui en bénéficiaient déjà, un seul l’était (Afrique du Sud). Le site officiel France Visas évoque des délais de traitement de sept jours ouvrables au Kenya, dix jours en Côte d’Ivoire, quinze jours au Sénégal, quinze jours ouvrables au Nigéria, pour ne prendre que quelques exemples. Ces délais s’expliquent par des raisons multiples. Il faut s’attacher à les réduire pour rendre notre pays plus attractif et faciliter les allers-retours entre les pays africains et la France.

      Un premier levier est entre nos mains. Il s’agit d’étoffer les effectifs des consulats en Afrique. Cela n’enlèverait rien aux délais légaux, mais permettrait de s’y limiter. Cela faciliterait également un examen plus fin des dossiers, nécessaire au pilotage d’une véritable politique d’attractivité. D’un point de vue strictement budgétaire, rappelons que les visas sont une source de revenus non négligeables. La prévision du projet de loi de finances pour 2020 s’élevait à 276 millions d’euros, qu’on peut comparer aux 237 millions d’euros de dépenses de personnel prévues pour le programme 151 dont dépend notre réseau consulaire (les visas ne représentant qu’une part de l’activité de ce dernier). Outre l’augmentation des effectifs, un deuxième levier est la réduction des délais de la consultation entre pays de l’espace Schengen prévue à l’article 22 du code communautaire des visas. Cela suppose une négociation avec nos partenaires de Schengen. Variables selon les pays, ces délais de consultation sont parfois exagérément longs au regard de leur objectif affiché.

       

      Proposition 8 : Renforcer les effectifs de notre réseau consulaire en Afrique et négocier avec nos partenaires de l’espace Schengen afin de réduire les délais de traitement des demandes de visas.

       

      À nouveau, la circulation suppose des passages dans les deux sens. Il existe des outils, comme le volontariat, qui permettent à de jeunes Français de faire l’expérience de pays africains. Mais l’expatriation de manière générale n’a pas le vent en poupe, compte tenu des difficultés économiques du continent, du développement d’une main d’œuvre qualifiée locale, du démantèlement progressif des réseaux de coopérants français et de la dégradation de la situation sécuritaire dans un certain nombre de pays. Il nous semble qu’un moyen de favoriser les circulations de la France vers les pays africains serait de prolonger la dynamique de la saison Africa 2020, dont l’organisation a été confiée à N’Goné Fall et qui a malheureusement été percutée par la crise sanitaire. Conçue sur le modèle des saisons culturelles croisées qui sont un instrument classique de notre diplomatie, elle s’en éloignait dès le départ sur deux points : en faisant dialoguer non pas deux pays comme c’est l’habitude, mais un pays (la France) et un continent (l’Afrique), et en n’étant pas croisée, c’est-à-dire en mettant principalement l’Afrique en valeur en France et non pas l’inverse.

      Nous proposons de revenir sur ces orientations et d’envisager, sur plusieurs années, des saisons culturelles franco-africaines dans un nombre limité de pays (séparément les uns des autres), francophones et anglophones, choisis notamment en fonction des partenariats noués lors de la saison Africa 2020, pour favoriser cette fois un mouvement de la France vers ces pays. Celui-ci ne doit pas être une simple projection d’influence, mais une véritable exposition des parties prenantes françaises au pays concerné, initiant des dialogues autour de la culture, mais pas uniquement : des questions de développement (comme l’éducation), des secteurs économiques (tourisme, mode par exemple) en sont le prolongement naturel. Nous insistons sur le fait que la mise en contact doit être physique, que les participants (acteurs culturels, institutions, entreprises, collectivités territoriales…) doivent pouvoir se rendre dans les pays concernés, nos ambassades être renforcées pour plusieurs mois voire plusieurs années d’équipes venues de France pour organiser ces saisons. Nous n’oublions pas que ces circulations existent déjà et n’attendent pas les pouvoirs publics pour se développer, ni que les services de coopération et d’action culturelle font ce travail au quotidien. Mais ces saisons pourraient permettre de structurer, d’accompagner, de mettre en valeur ces initiatives et ainsi de leur donner un effet d’entraînement durable. Ce ne serait qu’un pas, mais dans la bonne direction.

       

      Proposition 9 : Croiser la saison Africa 2020 avec des saisons culturelles dans un certain nombre de pays africains pour favoriser des circulations de la France vers ces pays.

      Publié le 1 février 2021

      Repenser les relations avec les sociétés africaines

      Auteurs

      Frédéric Galois

      La France ne doit plus voir en l’Afrique le théâtre de sa puissance, « le seul [continent] où elle peut, avec cinq cents hommes, changer le cours de l’histoire » comme le disait Louis de Guiringaud, alors ministre des affaires étrangères, dans les années 1970. Plus que toute forme de néocolonialisme ou d’affairisme, c’est sans doute cette illusion persistante qui confère encore aux relations franco-africaines leur anormalité. Les pays africains écrivent leur propre histoire et la position de la France, réelle ou fantasmée, y est mise en concurrence avec celle d’autres puissances. Il ne s’agit pas de se résigner à un quelconque déclassement, au motif qu’il serait le fruit du grand rééquilibrage du monde, ni de faire de l’Afrique le décor d’un nouveau Grand Jeu. Ce serait dans un cas comme dans l’autre ignorer tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle sera : 1,3 milliard d’humains aujourd’hui et 2,5 milliards en 2050. Mais au-delà d’une politique conforme à nos intérêts et à nos valeurs, il nous faut avoir une relation avec les pays africains qui repose sur une connaissance et un respect mutuels.

      Emmanuel Macron soulignait, dans un entretien récent avec Jeune Afrique, que « pendant des décennies, nous avons entretenu avec l’Afrique une relation très institutionnelle ». Il rappelait dans ce même entretien les différentes initiatives qu’il a engagées pour dépasser ce constat : restitution du patrimoine africain, fin du franc CFA, saison Africa 2020. Cette note propose de prolonger la réflexion. Disons-le d’emblée, elle n’a pas pour prétention d’épuiser le sujet mais d’explorer quelques pistes, parfois dans la droite ligne de ce qui a été commencé, parfois en proposant des bifurcations. Elle veut réfléchir aux moyens d’« écouter le blé qui lève, encourager les potentialités secrètes, éveiller toutes les vocations à vivre ensemble que l’histoire tient en réserve », selon les mots de Claude Lévi-Strauss. Les questions strictement géopolitiques, celles qui, justement, relèvent de relations très institutionnelles, n’y sont pas abordées. Une réflexion plus large sur la politique africaine de la France est néanmoins nécessaire et ne pourra pas faire l’économie d’examiner la légitimité et l’efficacité des interventions militaires comme des stratégies diplomatiques.

      L’Afrique est un continent divers. Pas plus la géographie que le panafricanisme, politique, culturel ou institutionnel, ne lui confèrent une unité suffisante pour la considérer en bloc. Parler d’Afrique, comme de toute région du monde, c’est nécessairement faire varier la focale et parfois réfléchir à l’universel. C’est pourquoi certains des points abordés dans cette note pourraient tout aussi bien l’être à propos de continents différents, tandis que d’autres concernent d’abord des régions voire des pays particuliers. Pour autant, certains facteurs historiques (esclavage, colonisation), démographiques (transitions inachevées, urbanisation), économiques (prévalence de la pauvreté, importance de l’économie informelle, des industries extractives et de l’agriculture), sociopolitiques (faiblesse des appareils étatiques) qui marquent nombre de sociétés africaines et notre relation à elles justifient que, en faisant la part des exceptions et de la diversité, nous placions notre réflexion, en son point de départ, à ce niveau continental.

      I. Clarifier les héritages du passé pour bâtir un avenir commun

      Pour dialoguer avec les sociétés africaines, il n’est ni possible ni souhaitable d’ignorer les fantômes du passé. L’histoire des relations entre la France et les pays africains est marquée par l’esclavage, la colonisation et l’interventionnisme postcolonial. Il ne s’agit pas de solder cet héritage pour repartir à zéro. On peut en revanche remettre en cause certaines survivances et favoriser la connaissance, sur des fondements scientifiques, de ces autres passés qui ne passent pas. À défaut de dépassionner le débat, ce qui prendra du temps, il s’agit de lui donner des bases plus saines, de discuter le dissensus plutôt que de le dissimuler. C’est une affaire difficile car elle mêle la mémoire et l’histoire, le symbole et le concret. Mais c’est une nécessité. En la matière, Emmanuel Macron a pris des initiatives intéressantes mais qu’il convient d’approfondir ou de concrétiser.

      En 2017, alors candidat, il a parlé en Algérie de crime contre l’humanité à propos de la colonisation. Un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie lui a par ailleurs été remis par Benjamin Stora le 20 janvier. La commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi a quant à elle été créée en avril 2019 pour deux ans et placée sous la présidence de l’historien Vincent Duclert. Composée de quinze experts, elle a pour objectif, sur la base des archives françaises (y compris classifiées) relatives à la période de 1990 à 1994, « d’analyser le rôle et l’engagement de la France au Rwanda […] en tenant compte du rôle des autres acteurs » et « de contribuer au renouvellement des analyses historiques sur les causes du génocide des Tutsi, profondes et plus conjoncturelles, ainsi que sur son déroulement, en vue d’une compréhension accrue de cette tragédie historique et de sa meilleure prise en compte dans la mémoire collective, notamment par les jeunes générations ». Cette initiative, basée sur une démarche scientifique, paraît salutaire, tant le génocide des Tutsi en 1994 constitue un événement majeur de notre histoire contemporaine, et tant le rôle de la France (accusée par certains d’avoir favorisé les génocidaires) est discuté. Le physicien et membre de l’association Survie François Graner, sur la base notamment de nouvelles recherches dans les archives de François Mitterrand, a ainsi affirmé dans un entretien au Monde le 16 janvier que « la politique française qui a été menée est une complicité de génocide ».

      Pas plus que le rapport de 1998 rédigé par une mission parlementaire présidée par Paul Quilès, celui de la commission, aussi rigoureux soit-il, ne mettra sans doute fin aux débats, ne fût-ce que parce que les sources resteront largement classifiées. Mais il peut constituer une étape majeure dans la construction d’une histoire de cette période qui résonne encore fortement. Hélas la composition de la commission a fait polémique dès le départ (sans que les compétences de ses membres soient niées), écartant des historiens spécialistes du génocide rwandais au profit d’universitaires travaillant sur des sujets connexes. La mise en retrait, plus récemment, d’une des membres de la commission dont des écrits portant un jugement favorable sur l’intervention de l’armée française au Rwanda (opération Turquoise) ont été exhumés, a accru le malaise sur ce sujet déjà si délicat. Alors que la note intermédiaire remise par la commission en avril 2020 mentionnait les contraintes que la crise sanitaire avait fait peser sur ses travaux, il paraît utile de prolonger sa mission d’un an et d’en revoir la composition dans un sens plus inclusif afin de renforcer la confiance dans ses conclusions futures. Les universitaires spécialistes du sujet devraient y avoir toute leur place, même lorsqu’ils ont, à l’issue d’un travail scientifique, déjà proposé une interprétation de l’action française.

       

      Proposition 1 : Étendre d’un an le mandat de la commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi et revoir sa composition pour l’élargir à l’ensemble des spécialistes.

       

      La réforme du franc CFA d’Afrique de l’Ouest constitue une autre initiative marquante. Annoncée conjointement par Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara en décembre 2019, elle s’articule autour de trois axes : le changement de nom de la monnaie (virtuel à ce stade, le franc CFA continuant de circuler) ; la fin de la centralisation des réserves de change de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest auprès du Trésor français ; le retrait de la France des instances de cette même banque centrale. L’Assemblée nationale a adopté le 10 décembre la loi encadrant cette évolution. Le taux de change fixe entre la nouvelle monnaie et l’euro ainsi que la garantie de convertibilité assurée par la France sont maintenues. Cela ne met donc pas fin aux débats sur les vertus (stabilité) ou défauts (surévaluation) de la politique monétaire suivie et sur une parité qui profite plutôt aux élites qui placent leur argent (y compris mal acquis) en Europe qu’aux populations. Cela ne brise pas non plus les liens entre la France et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Mais les manifestations postcoloniales les plus visibles de ces liens disparaissent.

      Il est malheureux que le nom choisi pour la nouvelle monnaie, l’eco, soit celui-là même que la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (qui rassemble quinze pays dont les huit pays ouest-africains utilisant le franc CFA) avait adopté pour son projet de future monnaie commune. Cela a complètement parasité l’annonce de la réforme et suscité l’ire de pays tels que le Nigéria, en donnant le sentiment que la France et ses huit partenaires francophones préemptaient le projet à quinze. Avec ce bémol donc, l’initiative est louable, et montre que le franc CFA (désormais l’eco) peut évoluer si les pays concernés le veulent, autrement dit que leur souveraineté est réelle et que des réformes ultérieures sont envisageables. Il est souhaitable que le franc CFA d’Afrique centrale ainsi que le franc comorien connaissent des processus similaires. Ceux-ci ne pourront bien sûr avoir lieu qu’en accord avec les pays concernés. Les pays d’Afrique centrale y semblent prudemment disposés. Il nous semble que la France doit prendre position de manière claire en faveur d’une telle réforme.

       

      Proposition 2 : Prendre clairement position pour une réforme du franc CFA d’Afrique centrale et du franc comorien visant à réduire la place de la France dans la gouvernance de ces monnaies.

       

      Lors de son discours fleuve à l’université Ki-Zerbo de Ouagadougou, en 2017, le président de la République s’est engagé à créer les conditions pour des restitutions du patrimoine africain détenu en France. Un an plus tard l’intellectuel sénégalais Felwin Sarr et l’universitaire française Bénédicte Savoy lui remettaient un rapport qui faisait débat voire choquait : questionnant le principe d’inaliénabilité des collections publiques, il adoptait une définition maximaliste de la notion de restitution, abordait sans l’approfondir la notion complexe de réparation et proposait de présumer pour de nombreux objets qu’ils avaient été acquis par spoliation. Placé sous le signe d’« une nouvelle éthique relationnelle » (c’est le sous-titre du rapport), il avait néanmoins le mérite d’ouvrir le chantier et de ne pas envisager la question des restitutions sous le seul angle du passé mais aussi sous celui de l’avenir dont elles sont porteuses. Les restitutions ne sont pas un impossible retour en arrière ; elles doivent permettre une réappropriation féconde. Elles ne mettent pas fin aux circulations mais en créent au contraire de nouvelles. La loi sur la restitution de biens culturels au Bénin (vingt-six objets constituant le trésor de Béhanzin) et au Sénégal (le sabre dit d’El Hadj Omar Tall), adoptée définitivement  par le Parlement le 17 décembre dernier, constitue une première traduction concrète de cette initiative. Mais elle est loin de répondre aux demandes africaines qui doivent être entendues.

      Lors de l’examen de ce texte au Parlement, la sénatrice Catherine Morin-Desailly a proposé la création d’un conseil national de réflexion sur la circulation et le retour d’œuvres d’art extra-occidentales pour conseiller le Gouvernement et le Parlement. Cette idée a été repoussée par le Gouvernement qui privilégie une approche œuvre par œuvre sans calendrier défini. Or si l’on peut entendre que la spécificité de chaque objet, la multiplicité des pays destinataires possibles et le caractère encore embryonnaire des processus de restitutions rendent difficiles l’adoption d’une loi cadre, il nous semble en revanche que les questions que ces processus soulèvent (y compris sur leurs limites) sont d’une ampleur et d’une transversalité qui justifient une réflexion approfondie et inclusive neutralisant l’arbitraire. Le rapport de Bénédicte Savoy et Felwin Sarr, comme l’a d’ailleurs reconnu la ministre de la culture (et comme le rapport l’admet lui-même), ne peut en constituer l’aboutissement. Nous soutenons donc la proposition de la sénatrice Catherine Morin-Desailly, d’ailleurs adoptée par le Sénat mais écartée par l’Assemblée nationale. Cette commission scientifique ne traiterait pas de la question, distinctes, des restes humains. Malgré les spécificités du cas africain (nombre d’œuvres concernées, absence fréquente de continuité entre les communautés spoliées et les constructions politiques actuelles, mobilisation régionale à travers par exemple l’Agenda 2063 de l’Union africaine), elle pourrait également répondre à des demandes venant d’ailleurs. Enfin, elle devrait associer des experts africains et éventuellement étrangers.

       

      Proposition 3 : Créer une commission scientifique chargée d’éclairer le Gouvernement et le Parlement dans la poursuite du processus de restitution des biens culturels.

       

      II. Construire des partenariats avec les sociétés civiles africaines

      Le sommet Afrique-France qui devait avoir lieu en juin 2020 à Bordeaux sur le thème de la ville durable a été repoussé en raison de la crise sanitaire ; il se tiendra finalement en juillet 2021 à Montpellier et sera tourné vers la jeunesse et la société civile. Les contours exacts de l’exercice restent à préciser. Il faut souhaiter qu’au-delà de l’événement, ce sommet permettra de marquer une inflexion dans la conception et la construction de partenariats avec les sociétés civiles africaines, et pas uniquement dans les pays francophones. Les sociétés civiles africaines ne sont pas uniformes, ont des capacités et des rôles très différents selon les pays, mais leur importance est considérable. Au-delà des organisations les plus connues comme Y en a marre (Sénégal), le Balai citoyen (Burkina Faso) ou la Lucha (République démocratique du Congo), de figures célèbres comme Leymah Gbowee, Denis Mukwege ou Oby Ezekwesili, c’est une myriade de mouvements plus ou moins structurés, plus ou moins autonomes, qui contribuent à promouvoir les droits de l’homme, la vie démocratique et le développement durable et parfois à pallier les défaillances des appareils étatiques. Nouer des partenariats avec eux relève de l’évidence si l’on veut dialoguer avec les sociétés africaines. Parce que ces partenariats ne peuvent naître que du terrain, en complémentarité avec les relations intergouvernementales, leur conception doit être déconcentrée.

      C’est pourquoi l’une des premières mesures à envisager est de redonner aux ambassades les moyens de mener des projets avec la société civile. Cette note n’a pas pour objet de revenir sur la politique de développement, qu’il est d’ailleurs à nouveau question de réformer, mais force est de constater que le transfert de nombreuses compétences du ministère des affaires étrangères à l’Agence française de développement (AFD) a réduit les marges de manœuvre en la matière. Le fonctionnement de l’AFD, centralisé, bancarisé, n’est pas adapté à des échanges substantiels avec la société civile. À côté des financements qu’elle met en œuvre, représentant plusieurs centaines de milliers à plusieurs millions d’euros et confiés à des organisations bien structurées sur plusieurs années, qui font l’objet d’un suivi d’abord financier, il faut des enveloppes plus réduites mais plus nombreuses, de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’euros, plus souples, qui puissent éventuellement servir d’amorce à des partenariats plus structurés une fois la relation établie. Elles doivent être mises en œuvre par les ambassades, présentes sur le terrain, et non décidées depuis un siège parisien. La décision de renforcer les fonds de solidarité prioritaires pour les projets innovants (aide-projet gérée par le ministère des affaires étrangères) témoigne d’une prise de conscience salutaire en ce sens.

      Des mécanismes de financement adaptés existent, notamment sous la forme des projets innovants des sociétés civiles et coalitions d’acteurs, mais ils restent sous-dimensionnés, ne permettant ni de multiplier les partenariats ni de les développer sur le moyen terme. Le projet de loi de finances pour 2020 prévoyait 39 millions d’euros d’autorisations d’engagement pour les partenariats en matière d’objectif de développement durable pour le ministère des affaires étrangères. Dans le même temps, le dispositif d’initiatives des organisations de la société civile de l’AFD représentait 110 millions d’euros d’autorisations d’engagement. Ce dispositif ne s’adresse qu’à des organisations non-gouvernementales françaises, qui sont elles-mêmes en lien avec des partenaires africains. Les frais de gestion cumulés de l’AFD et des bénéficiaires de premier rang amputent les sommes annoncées de l’ordre de 20 % avant même qu’elles arrivent en Afrique. Dans un contexte de hausse annoncée de l’aide au développement française, il apparaît nécessaire que les nouveaux financements au profit des sociétés civiles bénéficient d’abord aux enveloppes mises en œuvre par les ambassades.

       

      Proposition 4 : Multiplier par deux à trois, à court terme, les moyens des ambassades pour nouer des partenariats avec la société civile, si besoin par redéploiement de crédits de l’Agence française de développement.

       

      Qu’il s’agisse de l’AFD ou du ministère des affaires étrangères, la transparence de l’aide est une nécessité absolue. Inscrite dans la déclaration de Paris (2005) et le partenariat de Busan (2011), elle est un devoir à la fois à l’égard des citoyens et contribuables français que des citoyens et bénéficiaires africains. Or dans la pratique cette transparence est loin d’être effective et il est souvent difficile de savoir ce que cachent les chiffres mirobolants mis en avant dans les conférences internationales. Si le site de données publiques du gouvernement français ainsi que celui de l’AFD contiennent de nombreuses informations, y compris sur les programmes des filiales de cette dernière (Proparco, Expertise France), il suffit de les explorer pour voir que les données sont parcellaires et fragmentées. Le rapport d’Hervé Berville sur l’aide au développement faisait déjà en 2018 le constat que « si la France a fait des progrès non négligeables depuis 2013 en matière de transparence, avec notamment la création d’un portail open data sur l’activité du groupe AFD, le site français ne permet toutefois pas un accès aussi large aux projets que les dispositifs mis en place dans d’autres pays ».

      Ce rapport proposait donc de créer une plate-forme unique cartographiant les projets de développement financés par la France et mis en œuvre par différents canaux. Il suggérait en outre de conférer une dimension interactive à cette plate-forme pour permettre à chaque citoyen de contribuer directement à un projet donné. Il nous semble plutôt que l’interactivité doit servir en premier lieu aux bénéficiaires. Si le degré de précision des informations est suffisant (en justifiant d’éventuelles exceptions liées à la situation sécuritaire), ceux-ci pourraient en effet témoigner, y compris par des documents ou des photographies, de l’état d’avancement des projets, de leur bonne exécution ou au contraire d’éventuelles mauvaises pratiques. A minima des organisations de la société civile actives dans les zones concernées, identifiées par les ambassades et l’AFD sur place, pourraient avoir accès à la plate-forme pour porter ces témoignages. Cela suppose bien sûr d’affecter des moyens, notamment humains, à l’objectif de transparence de l’aide, et d’accepter des remises en cause. Mais nous croyons que les bénéfices en seraient considérables pour la légitimité et l’efficacité de nos interventions. Cette plateforme pourrait être pilotée par le ministère des affaires étrangères.

       

      Proposition 5 : Lancer à l’horizon d’un an un portail exhaustif de transparence de l’aide publique au développement française permettant une interaction avec les bénéficiaires.

       

      De la même manière que les bénéficiaires de l’aide au développement ne doivent pas être vus comme passifs, les sociétés civiles africaines ne sont pas simplement en attente d’un soutien venant de la France ou d’ailleurs. Elles sont pleinement actrices de la marche du monde, et leur mobilisation résonne bien souvent au-delà des frontières de leurs pays. Des réseaux se mettent en place pour partager leurs expertises. Celles-ci peuvent, doivent, être traitées d’égal à égal avec celles que nous cherchons à leur apporter. Autrement dit, dialoguer avec les sociétés africaines, c’est reconnaître qu’elles ont à nous apprendre aussi bien que l’inverse, et notamment sur des sujets qui ne sont pas proprement africains. On sait toute la richesse qui naît du regard de l’autre. C’est pourquoi il nous semble qu’inviter des représentants de la société africaine à travailler, avec leurs homologues français, sur des sujets tels que les droits de l’homme, le changement climatique ou la lutte contre la corruption contribuerait à rééquilibrer le dialogue et mieux appréhender nos défis communs.

      Pour donner un caractère structuré à ce type d’échanges, sans chercher à déposséder les pays africains de leurs talents, des personnalités pourraient participer à des instances consultatives ne supposant pas une mobilisation à plein temps. On peut penser par exemple (le débat est ouvert) à la Commission nationale consultative des droits de l’homme ou au Haut conseil pour le climat. Nous pourrions proposer de faire de même au niveau européen, y compris avec des organisations régionales. L’Union africaine pourrait devenir, comme l’Organisation des États américains, observatrice du GRECO, le groupe de lutte contre la corruption du Conseil de l’Europe. Le nombre de personnalités et d’organisations concernées serait nécessairement limité. Mais, au-delà du symbole, c’est la démarche qui compte, celle de reconnaître et développer la réciprocité dans les contributions. Cette démarche pourrait s’appliquer à d’autres pays que les pays africains. Mais c’est avec eux qu’elle paraît à la fois la plus nécessaire, compte tenu de la communauté de destin qui nous unit, la plus facile à certains égards (pour les francophones en particulier), et pourtant la plus lointaine, en raison de l’asymétrie qui continue encore trop souvent de dominer nos rapports.

       

      Proposition 6 : Inviter des représentants de la société civile africaine à participer à des instances consultatives françaises sur des thématiques d’intérêt partagé.

      III. Favoriser les circulations pour encourager la connaissance mutuelle

      Renforcer nos liens avec les sociétés africaines au-delà des relations de gouvernement à gouvernement suppose d’encourager les circulations entre nos pays. Cela vaut aussi bien pour les pays francophones avec lesquels nous avons des échanges migratoires anciens que pour les pays anglophones et autres. C’est une évidence qui se heurte à la volonté de réduire les flux migratoires, manifestée notamment au sommet de La Valette en 2015. Pourtant, au-delà des propositions évoquées ci-dessus, qui sont du ressort du gouvernement, un véritable dialogue avec les sociétés africaines suppose de mettre celles-ci en contact avec notre propre société, pour que se construisent une connaissance mutuelle ainsi que des solidarités de fait.

      À cet égard, la décision d’augmenter les frais universitaires pour les étudiants étrangers en France (nombre d’entre eux africains) est problématique. Il est trop tôt pour faire le bilan de cette réforme annoncée en 2018, par ailleurs contournée par un certain nombre d’établissements et percutée par la crise sanitaire. Mais il est assez clair que cela ne peut que décourager une partie des étudiants africains à venir en France. Or attirer ces étudiants pour former les élites africaines de demain est à la fois un puissant levier d’influence et une irremplaçable mise en contact de nos sociétés. D’autres pays l’ont bien compris, qui ont une politique d’attractivité volontariste : selon un rapport de l’UNESCO, la Chine est le pays qui offre le plus de bourses aux pays d’Afrique subsaharienne, avec 12 000 bourses par an, en augmentation rapide, suivie de l’Afrique du Sud, de la Russie, du Royaume-Uni, de la Turquie, de l’Égypte, de l’Inde, de l’Allemagne et du Japon.

      Plusieurs arguments peuvent plaider contre une annulation pure et simple de la réforme : volonté de sélectionner mieux les étudiants (des critères de mérite doivent prévaloir et permettre d’encourager les meilleurs élèves non issus de la reproduction des élites), caractère plus redistributif d’un système de bourses, théorie du signal prix sur la qualité des études. Mais il conviendrait d’augmenter alors significativement les bourses attribuées aux étudiants souhaitant faire leurs études en France. Les bourses du gouvernement français et les bourses cofinancées représentaient 59 millions d’euros en projet de loi de finance 2020. Ce montant pourrait être triplé sans même remettre en cause la majorité des gains escomptés à la suite de la mise en place de la réforme, estimés à 250 millions d’euros par an selon un rapport des députés Pascal Brindeau et Marion Lenne de 2019.

       

      Proposition 7 : Tripler à court terme le nombre de bourses du gouvernement français et les bourses cofinancées à destination des étudiants africains, et évaluer à moyen terme les effets de la réforme.

       

      La question des visas est évidemment centrale pour faciliter les circulations entre la France et les pays africains. Édouard Philippe a annoncé en 2017 un dispositif visant à délivrer les visas de court séjour en quarante-huit heures dans dix nouveaux pays. Aucun n’est africain. Parmi les huit pays qui en bénéficiaient déjà, un seul l’était (Afrique du Sud). Le site officiel France Visas évoque des délais de traitement de sept jours ouvrables au Kenya, dix jours en Côte d’Ivoire, quinze jours au Sénégal, quinze jours ouvrables au Nigéria, pour ne prendre que quelques exemples. Ces délais s’expliquent par des raisons multiples. Il faut s’attacher à les réduire pour rendre notre pays plus attractif et faciliter les allers-retours entre les pays africains et la France.

      Un premier levier est entre nos mains. Il s’agit d’étoffer les effectifs des consulats en Afrique. Cela n’enlèverait rien aux délais légaux, mais permettrait de s’y limiter. Cela faciliterait également un examen plus fin des dossiers, nécessaire au pilotage d’une véritable politique d’attractivité. D’un point de vue strictement budgétaire, rappelons que les visas sont une source de revenus non négligeables. La prévision du projet de loi de finances pour 2020 s’élevait à 276 millions d’euros, qu’on peut comparer aux 237 millions d’euros de dépenses de personnel prévues pour le programme 151 dont dépend notre réseau consulaire (les visas ne représentant qu’une part de l’activité de ce dernier). Outre l’augmentation des effectifs, un deuxième levier est la réduction des délais de la consultation entre pays de l’espace Schengen prévue à l’article 22 du code communautaire des visas. Cela suppose une négociation avec nos partenaires de Schengen. Variables selon les pays, ces délais de consultation sont parfois exagérément longs au regard de leur objectif affiché.

       

      Proposition 8 : Renforcer les effectifs de notre réseau consulaire en Afrique et négocier avec nos partenaires de l’espace Schengen afin de réduire les délais de traitement des demandes de visas.

       

      À nouveau, la circulation suppose des passages dans les deux sens. Il existe des outils, comme le volontariat, qui permettent à de jeunes Français de faire l’expérience de pays africains. Mais l’expatriation de manière générale n’a pas le vent en poupe, compte tenu des difficultés économiques du continent, du développement d’une main d’œuvre qualifiée locale, du démantèlement progressif des réseaux de coopérants français et de la dégradation de la situation sécuritaire dans un certain nombre de pays. Il nous semble qu’un moyen de favoriser les circulations de la France vers les pays africains serait de prolonger la dynamique de la saison Africa 2020, dont l’organisation a été confiée à N’Goné Fall et qui a malheureusement été percutée par la crise sanitaire. Conçue sur le modèle des saisons culturelles croisées qui sont un instrument classique de notre diplomatie, elle s’en éloignait dès le départ sur deux points : en faisant dialoguer non pas deux pays comme c’est l’habitude, mais un pays (la France) et un continent (l’Afrique), et en n’étant pas croisée, c’est-à-dire en mettant principalement l’Afrique en valeur en France et non pas l’inverse.

      Nous proposons de revenir sur ces orientations et d’envisager, sur plusieurs années, des saisons culturelles franco-africaines dans un nombre limité de pays (séparément les uns des autres), francophones et anglophones, choisis notamment en fonction des partenariats noués lors de la saison Africa 2020, pour favoriser cette fois un mouvement de la France vers ces pays. Celui-ci ne doit pas être une simple projection d’influence, mais une véritable exposition des parties prenantes françaises au pays concerné, initiant des dialogues autour de la culture, mais pas uniquement : des questions de développement (comme l’éducation), des secteurs économiques (tourisme, mode par exemple) en sont le prolongement naturel. Nous insistons sur le fait que la mise en contact doit être physique, que les participants (acteurs culturels, institutions, entreprises, collectivités territoriales…) doivent pouvoir se rendre dans les pays concernés, nos ambassades être renforcées pour plusieurs mois voire plusieurs années d’équipes venues de France pour organiser ces saisons. Nous n’oublions pas que ces circulations existent déjà et n’attendent pas les pouvoirs publics pour se développer, ni que les services de coopération et d’action culturelle font ce travail au quotidien. Mais ces saisons pourraient permettre de structurer, d’accompagner, de mettre en valeur ces initiatives et ainsi de leur donner un effet d’entraînement durable. Ce ne serait qu’un pas, mais dans la bonne direction.

       

      Proposition 9 : Croiser la saison Africa 2020 avec des saisons culturelles dans un certain nombre de pays africains pour favoriser des circulations de la France vers ces pays.

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