L’idée que les cryptomonnaies sont des monnaies libres et indépendantes de tout État suggère qu’en cas de conflit, elles pourraient prendre le relais des autres monnaies et rendre possible la poursuite du commerce en même temps qu’elles assureraient une protection de la valeur de ce que chacun détient et qui risque de fondre ou même de disparaitre dans le tumulte engendré par les combats et les troubles de toutes sortes perturbant les réseaux. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en mars 2022 a créé une situation permettant d’évaluer sur un exemple dramatique mais significatif l’intérêt de l’existence des cryptomonnaies et les usages possibles qu’il peut en être fait en cas conflit ou de crises majeures[1]. C’est cette évaluation que nous nous proposons de faire.
L’analyse de ce qui s’est passé en Ukraine montre que le rôle des cryptomonnaies a concerné divers aspects des évènements, mais qu’il est finalement resté relativement modéré. Il est intéressant de comprendre jusqu’à quel point et pourquoi. Pour cela nous allons examiner de près les différents usages possibles des cryptomonnaies selon les endroits concernés, les acteurs impliqués et les buts poursuivis.
Notons avant tout que dans le cas de la guerre d’Ukraine, l’évolution des cours montre que les cryptomonnaies n’ont pas joué un rôle de valeur refuge équivalent à celui de l’or. Par exemple, entre le 1er janvier 2022 et le 14 mars 2022, le cours du Bitcoin a perdu 18,7 % de sa valeur, passant de 44730 $ à 38773 $, pendant que l’once d’or gagnait 8,1 % passant de 1828 $ à 1977 $. Le cours de l’or a donc confirmé son rôle millénaire de valeur refuge, que le Bitcoin malgré ce qu’en disent ses défenseurs n’a pas su rejoindre. Un examen attentif des courbes des cours du Bitcoin et de l’or le 24 février 2022, jour du début de l’invasion russe, montre d’ailleurs très clairement un pic en hauteur pour l’or, et un trou pour le Bitcoin qui a donc eu exactement le comportement inverse de l’or. Le républicain libertarien américain Ron Paul, pourtant défenseur acharné du Bitcoin, en accord avec de nombreux observateurs a d’ailleurs fait la remarque que depuis plusieurs mois le Bitcoin se comporte davantage comme une action étroitement corrélée au marché boursier, que comme une couverture contre l’incertitude des marchés[2].
Pour analyser le rôle des cryptomonnaies lors de ce conflit nous allons traiter à part l’Ukraine et la Russie. Précisons que nous menons notre analyse le 24 mars 2022 alors bien sûr que les combats qui durent depuis presque un mois sont loin d’être terminés.
En Ukraine
A. Apporter de l’aide à l’Ukraine
Une partie du soutien extérieur à l’Ukraine s’est opérée par l’envoi de cryptomonnaies au gouvernement ukrainien. Pour faciliter l’envoi de dons en cryptomonnaies, le gouvernement ukrainien a lancé un site en partenariat avec deux plateformes d’échange. L’une FTX est américaine, l’autre Everstake est à Kiev[3]. Le gouvernement peut ainsi recevoir des bitcoins, des éthers, et 8 autres cryptomonnaies. Le 24 mars, il avait reçu par ces moyens plus de 100 millions de dollars et espérait arriver à 200 millions de dollars. Mis à part qu’il est peut-être plus rapide et plus facile pour quelqu’un qui détient des cryptomonnaies de faire des dons en utilisant des envois directs, l’intérêt des cryptomonnaies pour soutenir l’Ukraine reste un peu anecdotique puisqu’on peut aussi faire des dons à l’Ukraine en dollars ou en euros par l’intermédiaire de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, de la Fondation de France, du Secours Catholique, de l’UNICEF et bien d’autres organismes encore. Cela sera plus facile pour la grande majorité des donateurs qui n’ont pas de cryptomonnaies, et sera même préféré par ceux qui en possèdent et souhaitent les garder (puisqu’en général on en détient pour spéculer et qu’on les garde en espérant qu’elles vont monter !).
La réalité est que ce soutien aux Ukrainiens par les cryptomonnaies concerne des montants assez faibles à l’échelle de l’État ukrainien dont le PIB est de 155 milliards d’euros, ou en comparaison au soutien de l’Union européenne — plus d’un milliard d’euros — ou des États-Unis — plus d’un milliard de dollars.
Le 16 mars 2022, le président Volodymyr Zelensky, peut-être en prévision d’évolutions à venir concernant l’usage des cryptomonnaies dans la suite du conflit a cependant jugé utile de signer une loi qui en assouplit l’usage et en permet un meilleur contrôle[4]. La loi prévoit d’accorder aux plateformes d’échange de cryptomonnaies, ukrainiennes ou non, la possibilité d’opérer légalement dans le pays ; d’autoriser les banques nationales à ouvrir des comptes pour les entreprises liées aux cryptomonnaies ; de donner des droits aux cryptoactifs et à leurs détenteurs.
B. Sortir avec de l’argent en quittant l’Ukraine
Du côté des particuliers, qui en Ukraine étaient avant la guerre plus de 10% à détenir des cryptomonnaies, il est raisonnable de penser qu’elles ont un peu servi. Celui qui en Ukraine avant l’invasion russe en détenait en propre a pu effectivement quitter le pays en emportant son smartphone, son wallet physique, ou même seulement les clés de ses comptes, puis facilement retrouver ses cryptomonnaies une fois hors des frontières. Certaines familles ont certainement profité de cette opportunité. Les cryptomonnaies sont plus faciles à transporter et à cacher que les liasses de billets, les pièces ou les lingots d’or. De même celui qui détient des cryptomonnaies sur une plateforme d’échange de cryptomonnaies à l’étranger retrouve ses dépôts sans mal une fois hors du pays. Cependant, c’est le cas aussi pour des dépôts opérés sur des comptes bancaires classiques dans des banques hors d’Ukraine. En soi, les cryptomonnaies ne sont donc pas indispensables à celui qui avant l’invasion a souhaité protéger certaines sommes en ne les laissant pas sur des comptes ukrainiens.
C. Envoyer de l’argent à l’extérieur pendant le conflit
Les cryptomonnaies sont-elles utiles pour envoyer son argent à l’étranger de façon à le sécuriser une fois la guerre commencée ? Ceux qui en Ukraine n’avaient pas de cryptomonnaies avant le conflit, outre les difficultés à s’initier très rapidement à leur maniement, ont hésité à en acheter et vraisemblablement n’en n’ont pas acheté, pour des raisons assez simples. La première est qu’en acheter sur une plateforme d’échange n’est pas instantané ; les délais de création d’un compte sont parfois de plusieurs jours, sans parler des banques dont la banque ukrainienne PrivatBank qui ont interdit à leurs clients de transférer des hryvnias — la monnaie ukrainienne — vers des plateformes d’échanges de cryptomonnaies[5]. La deuxième raison de ne pas se précipiter sur les cryptomonnaies est tout simplement que la volatilité des cours des cryptomonnaies les rend peu attractives pour celui qui cherche à préserver la valeur de ses économies qu’il n’a pas de raison de convertir en actifs spéculatifs. Utiliser des stablecoins est une éventualité, mais il leur est associé un risque dû à leur fonctionnement reposant sur des tiers de confiance pas toujours très sûrs. Si on le peut, pour protéger la valeur de ses économies, on préfèrera donc acheter des euros ou des dollars, et les envoyer sur des comptes à l’étranger, à de la famille ou des amis en utilisant le réseau mondial des banques.
D. Utiliser les cryptomonnaies pour les échanges et le commerce de détail sur place
La difficulté à basculer rapidement des espèces usuelles en hryvnia aux cryptomonnaies a dissuadé le commerce de détail de se faire en cryptomonnaies. Outre qu’on ne peut payer un commerçant en cryptomonnaies que s’il est lui-même initié et possède des comptes ce qui n’est pas le cas général, les risques de coupures du réseau internet ou même de l’électricité rendent alors techniquement impossible l’utilisation des cryptomonnaies et dépossèdent brutalement celui que en détient. Ce sont là des obstacles rédhibitoires à l’adoption des cryptomonnaies pour la vie de tous les jours dans un pays assiégé. Les Ukrainiens restés dans le pays depuis le début de l’invasion préfèrent donc continuer à utiliser le hryvnia, l’euro ou le dollar. Il est peu probable que sur ce point la situation change.
Lorsque le réseau internet est coupé, il serait possible pour les personnes équipées de stations de réception adaptées d’y accéder grâce aux satellites de Starlink que Elon Musk a mis en fonctionnement au-dessus de l’Ukraine. Cependant cette remise en marche du réseau si elle est certainement utile pour échanger des informations entre combattants ou pour les journalistes sur le terrain voulant communiquer ne permet pas vraiment de faire fonctionner les réseaux de cryptomonnaies d’une façon qui en autorise un usage étendu. Il a été mentionné que les stations Starlink au sol pourraient servir de balises aidant les Russes à ajuster leurs frappes aériennes, mais aussi aident les Ukrainiens piloter des drones d’attaque[6].
En conclusion, du côté de l’Ukraine, on comprend qu’il n’y a pas eu de raisons que s’enclenche une ruée vers les cryptomonnaies. Elles n’ont pas offert d’avantages ou d’intérêts spécifiques qui auraient pu amener que, massivement, on souhaite les utiliser, pour aider le gouvernement Ukrainien ou soutenir plus généralement le pays, pour déplacer des montants importants avec soi, pour protéger son argent en l’envoyant à l’extérieur, ou pour faire fonctionner le commerce de détail et les échanges sur place.
En Russie
A. Contourner les sanctions internationales ?
Les avis semblent unanimes pour affirmer que pour échapper aux sanctions internationales imposées à la Russie concernant son économie et ses échanges commerciaux et bancaires, l’utilisation des cryptomonnaies n’est pas possible à grande échelle. Il s’agirait de volumes trop importants et la surveillance des réseaux permet de voir et même de contrer en grande partie de telles tentatives si elles étaient menées.
Le professeur Eswar Prasad de l’Université Cornell auteur du livre The Futur of Money est catégorique : « Le gouvernement russe ne peut pas compter sur le bitcoin pour échapper aux sanctions car les transactions internationales doivent toujours être réglées en monnaie réelle, comme le dollar ou l’euro. En outre, les cryptomonnaies ne peuvent en aucun cas empêcher l’effondrement de la valeur de la monnaie d’un pays par rapport aux principales devises de réserve, puisque ces valeurs sont déterminées sur les marchés financiers officiels[7]. »…
Christopher Wray, le directeur du FBI affirme de son côté que « la capacité des Russes à éviter les sanctions avec des cryptomonnaies est probablement très surestimée. Avec nos partenaires étrangers nous sommes bien plus efficaces qu’ils ne s’en rendent compte. Nous disposons d’une grande expertise en termes d’outils et de stratégies pour bloquer ce type d’efforts[8] ». D’autres analyses confirment cette situation[9].
Notons aussi que les banques qui procédaient aux transferts d’argent pour le paiement du gaz et du pétrole russes n’ont pas été exclues du système SWIFT et que les milliards de dollars de ce commerce ont pu continuer à parvenir en Russie sans qu’on ait besoin de les faire circuler sous forme de cryptomonnaies.
Malgré l’impossibilité d’utiliser les cryptomonnaies à grande échelle pour échapper les sanctions, tout n’est pas parfaitement sous contrôle et plusieurs sénateurs américains dont Elizabeth Warren ont souhaité introduire un projet de loi visant à contrôler plus sévèrement l’usage des cryptomonnaies et à sanctionner les firmes ou plateformes d’échange qui aideraient à l’aide des cryptomonnaies à contourner les sanctions imposées à la Russie[10]. Sans surprise, le lobby des cryptomonnaies s’est prononcé contre ce projet de loi qui s’il était adopté ne ferait que rendre encore plus difficile le contournement des sanctions par la Russie déjà très difficile[11].
B. Oligarques et russes aisés
Du côté des oligarques et des nantis russes, l’utilisation des cryptomonnaies a réellement servi à faire sortir des sommes importantes. L’équivalent de millions de dollars a semble-t-il pu ainsi s’échapper et a par exemple servi à acheter parfois directement en bitcoins des appartements à Dubaï[12]. Les achats de cryptomonnaies en roubles pour permettre ces opérations d’exfiltration discrètes ont eu pour effet de faire monter le cours des cryptomonnaies vis-à-vis du rouble en Russie. Malgré tout cette évasion d’argent échappant donc aux sanctions ne concerne que quelques riches particuliers, car si elle n’a pu être totalement interrompue, elle a aussi été largement entravée par les pressions qui se sont exercées sur les plateformes d’échange pour qu’elles bloquent l’accès des utilisateurs russes à leurs comptes. La plateforme de cryptomonnaie Coinbase a ainsi gelé 25000 comptes russes[13]. Il y a eu des exceptions et le stablecoin Tether refusait encore le 18 mars 2022 de bloquer les échanges avec la Russie malgré les demandes formulées explicitement par le gouvernement ukrainien. Notons aussi que les autorités russes qui ne souhaitent pas bien sûr voir l’argent russe partir à l’étranger luttent elles-aussi contre cette utilisation des cryptomonnaies.
Ce type d’opérations n’a cependant pas eu pas eu l’effet de faire monter les cours internationaux des cryptomonnaies, car une fois sortis les détenteurs de cryptomonnaies préfèrent les convertir en monnaies usuelles pour éviter d’être victime de l’instabilité des cours des cryptomonnaies ou des risques propres aux stablecoins lorsque ce sont eux qui sont utilisés. Les cryptomonnaies ne sont donc dans ce type d’opérations que des supports temporaires qu’on ne cherche pas à conserver ce qui explique que leurs cours au niveau international n’ont pas ou peu été affectés par ces mouvements. Les cryptomonnaies ne sont pas des moyens de paiement mais des moyens de placement, ce que confirme la corrélation de leurs cours avec celui des actions.
Les blocages opérés par certaines plates-formes d’échanges ont provoqué un débat au sein de la communauté des cryptomonnaies. En effet, ils montrent que la résistance à la censure — l’impossibilité d’empêcher celui qui possède une somme d’en disposer — est une illusion quand on détient des cryptomonnaies sur une plateforme d’échange. Ceux qui sont correctement informés du fonctionnement des cryptomonnaies le savent depuis longtemps et n’utilisent pas les plateformes d’échanges pour stocker leur argent mais le gardent sur des wallets dont ils ont totalement le contrôle.
C. Commerce de détail en Russie
Concernant le commerce de détail entre Russes (qui contrairement aux Ukrainiens n’ont pas à craindre que le réseau s’interrompe totalement), il n’y avait aucune raison qu’il cesse de se faire en roubles. De toutes les façons, même si cela avait eu un intérêt, trop peu de gens sont initiés et sont prêts techniquement à « passer au Bitcoin », sans parler à nouveau des autorités qui s’y opposeraient. En Russie comme en Ukraine les cryptomonnaies n’ont pas joué le rôle d’une monnaie de substitution, et ne le joueront très probablement pas même dans les mois ou années à venir.
Un élément est parfois évoqué concernant ce problème. Si en Russie pour échapper à l’inflation qui va sans doute survenir, de nombreux particuliers jugent plus prudents de se procurer des cryptomonnaies que de garder leurs roubles, cela pourrait stimuler la demande et donc faire monter les cours des cryptomonnaies. Cependant la volatilité des cryptomonnaies est à nouveau un obstacle : quitte à se protéger de la perte de valeur du rouble, pourquoi se procurer du Bitcoin plutôt que des dollars, des euros ou de l’or !
Conclusion
À l’exception de l’aide apportée à quelques Ukrainiens ou Russes qui ont réussi à temps à convertir leur argent en cryptomonnaies et qui ont pu les faire s’échapper de leur pays, les cryptomonnaies n’ont donc pas à la date où j’écris prouvé qu’elles avaient une très grande importance dans de déroulement des évènements liés à cette guerre.
Ce qui empêche aujourd’hui que les cryptomonnaies jouent un rôle vraiment significatif dans une situation de crise tient à quatre points :
- Les cryptomonnaies ne sont utiles pour sortir vite de l’argent d’une zone prise dans une guerre, que si on a converti en cryptomonnaies les sommes concernées avant la crise, car une fois le conflit enclenché de telles conversions deviennent de plus en plus difficiles et risquées ;
- La difficulté à les manipuler et surtout le fait qu’en situation de guerre l’électricité et donc les réseaux risquent d’être coupés rendent les cryptomonnaies peu susceptibles d’être adoptées par une population sur le terrain. Il ne semble pas aujourd’hui, même en cas de désordres économiques et sociaux majeurs, que les cryptomonnaies puissent se substituer à une monnaie locale, au dollar ou à l’euro ;
- La volatilité des cryptomonnaies fera hésiter à convertir des sommes très importantes ;
- Les cryptomonnaies sont devenues partiellement censurables, surtout si on les détient sur des plateformes d’échange. Leur anonymat est imparfait et les techniques progressent du côté des autorités permettant un suivi et un contrôle de plus en plus efficace de ce que se passe dans le cyberespace des cryptomonnaies et sur les registres des blockchains.
[1] Le terme de « cryptoactif » est parfois préféré au terme de « cryptomonnaie », mais il désigne alors un type d’actifs plus général incluant les NFT (Non Fongible Token), les ICO (Initial Coin Offering), les STO (Security Token Offering), etc qui n’ont pas l’ambition d’être des monnaies. Concernant ce qu’il est convenu d’appeler cryptomonnaies — Bitcoin, Ether, Ada, Tether, etc.— la question de savoir si ce sont des monnaies au sens classique du terme est l’objet d’un débat dont l’issue dépendra en particulier de leur capacité ou non a jouer un rôle, y compris dans situations comme celle étudiée ici.
[2] https://www.kitco.com/news/2022-03-18/Ron-Paul-Bitcoin-still-in-danger-of-being-banned-Ukraine-war-could-get-out-of-control.html
[3] https://cryptoast.fr/ftx-everstake-plateforme-collecte-dons-cryptomonnaies-ukraine/
[4] https://cryptoast.fr/ukraine-president-zelensky-signe-loi-crypto-friendly-pays/
[5] https://journalducoin.com/bitcoin/bitcoin-arret-ukraine-banques-stoppent-transferts-monnaie-locale/
[6] https://www.01net.com/actualites/comment-les-kits-de-connexion-aux-satellites-de-starlink-sont-devenus-incontournables-en-ukraine-2055579.html https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-reseau-starlink-delon-musk-permet-aux-drones-ukrainiens-dattaquer-de-nuit-1431721
[7] https://edition.cnn.com/2022/03/12/politics/russia-ruble-bitcoin-crypto-what-matters/index.html
[8] https://cryptoast.fr/directeur-fbi-estime-russie-surestime-capacite-cryptomonnaies/
[9] https://www.usine-digitale.fr/editorial/l-utopie-bitcoin-s-est-elle-fracassee-sur-la-guerre-en-ukraine.N1797977
[10] https://www.reuters.com/world/us-democrats-introduce-bill-curb-russian-crypto-use-amid-ukraine-crisis-2022-03-17/
[11] https://www.vice.com/en/article/dype5k/crypto-advocates-say-elizabeth-warrens-sanctions-bill-is-unconstitutional
[12] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/03/15/cryptomonnaies-et-appartements-a-dubai-les-nouveaux-investissements-des-milliardaires-russes_6117625_4408996.html
[13] https://fortune.com/2022/03/07/coinbase-blocks-25000-crypto-wallets-russians-sanctions/