Le laboratoire d’idées de la reconstruction écologique et républicaine

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Chloé-Ridel

Chloé Ridel

Conseil scientifique

Biographie

Chloé Ridel est haut fonctionnaire et militante associative, présidente de l’association Mieux Voter. Elle est l’auteur de D’une guerre à l’autre – L’Europe face à son destin.
Diplômée de Sciences Po et de l’ENA, elle a été directrice adjointe de l’Institut Rousseau de 2020 à 2023. Elle est chargée des questions européennes au sein du conseil scientifique de l’institut.

Notes publiées

Réforme du système des retraites, temps de vivre et Road to net Zero L'éditorial de mars 2023

Le printemps approche et les forces syndicales se préparent, le 7 mars, à poursuivre leur lutte contre la réforme du système des retraites.   Dans son dernier livre, « Le temps d’apprendre à vivre », dont l’Institut a rendu compte, François Ruffin replace le débat sur les retraites dans le cadre plus large de la maitrise du temps, pivot de l’émancipation individuelle et collective, contre laquelle la logique capitaliste ne cesse d’aller : travailler plus, consommer plus, au détriment de la terre et des êtres dont on épuise les ressources. Climat et retraites sont liés. A 64 ans, 28% des travailleurs les plus pauvres seront déjà morts, contre 6% des travailleurs les plus riches. A 64 ans, ceux d’entre nous qui avons 10, 20 ou 30 ans aujourd’hui ne savent pas dans quelles conditions ils pourront vivre. L’Institut Rousseau poursuit, en ce début d’année, une levée de fonds en ligne pour soutenir un ambitieux travail, « Road to net Zero », qui chiffrera l’ensemble des investissements publics et privés nécessaires pour atteindre la neutralité carboneà l’échelle européenne. Si vous en avez les moyens et que le coeur vous en dit, vous pouvez toujours participer ! Votre soutien nous est précieux.

Par Ridel C.

2 mars 2023

Et si les élections présidentielles se jouaient au jugement majoritaire ?

Un sondage Opinion Way – Mieux Voter a interrogé, les 8 et 9 décembre 2021, un même panel de 962 Français inscrits sur les listes électorales concernant leurs intentions de vote aux élections présidentielles de 2022 selon deux modes de scrutin différents : le scrutin uninominal majoritaire et le scrutin par jugement majoritaire. Le scrutin uninominal majoritaire est le mode de scrutin en vigueur pour l’élection présidentielle de 2022. Le jugement majoritaire est un mode de scrutin où l’électeur doit évaluer tous les candidats indépendamment les uns des autres, en leur attribuant une mention sur une échelle qui va de « Excellent » à « A rejeter ». Il a été inventé en 2007 par deux directeurs de recherche au CNRS, Michel Balinski et Rida Laraki. Le sondage Opinion Way – Mieux Voter permet d’abord de rappeler qu’un mode de scrutin n’est pas une donnée tombée du ciel mais une règle inventée, parmi une infinité de possibilités. Mais un mode de scrutin doit avoir pour objectif de désigner le candidat jugé le meilleur par l’électorat. Pour ce faire, il doit permettre de mesurer l’état d’une opinion. Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, actuellement utilisé pour élire le Président de la République en France, faillit à ce pré-requis, parce qu’en demandant aux électeurs de choisir un candidat, il les contraint fortement dans leur expression. En effet, ayant voté pour un candidat, l’électeur ne révèle absolument rien de ce qu’il pense des autres, et pas plus de ce qu’il pense de celle ou celui pour qui il a voté. Tout vote pour un candidat est assimilé à un vote d’adhésion, alors que ce vote peut être un vote « contre » un autre candidat, un vote par défaut, ou encore un vote stratégique : on additionne des « voix » qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et on en sort un score numérique qui ne traduit rien de la légitimité réelle du candidat. L’électeur est ainsi souvent contraint à voter « utile » au détriment de ses opinions. L’électeur qui n’apprécie aucune candidature ne peut pas l’exprimer dans le cadre du scrutin, et se retrouve contraint au vote blanc (non comptabilisé) ou à l’abstention. Depuis 200 ans, la science démontre que l’on pourrait mieux voter avec des modes de scrutin alternatifs. Le jugement majoritaire, inventé en 2007, en fait partie. Il est le seul à satisfaire un ensemble de propriétés et notamment à résister au vote stratégique.[1] Le paysage politique selon le scrutin uninominal majoritaire Le sondage Opinion Way – Mieux Voter a posé aux interrogés cette première question sur leurs intentions de vote au scrutin uninominal majoritaire : « Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, pour lequel des candidats suivants y aurait-il le plus de chances que vous votiez ? ». Les résultats sont les suivants : Ces résultats[2] sont similaires à ceux observés par d’autres sondages[3] sur la même période, soit juste après la désignation de Valérie Pécresse lors du congrès du parti Les Républicains, le 5 décembre 2021. Avec 17 % des intentions de vote, celle-ci apparaît en position de se qualifier pour le second tour. Cependant, la proximité de son score avec celui de Marine Le Pen (17 % vs 16 % soit 1 % d’écart, dans la marge d’erreur) implique une grande incertitude sur sa présence au second tour. Le sondage Opinion Way – Mieux Voter confirme aussi la dispersion de l’électorat de gauche et la faiblesse de l’ensemble des candidats de gauche qui totaliseraient seulement 30 % des voix, presque à égalité avec l’extrême droite. Le paysage politique selon le jugement majoritaire Le sondage Opinion Way – Mieux Voter a posé aux interrogés cette deuxième question sur leurs intentions de vote au scrutin par jugement majoritaire : « Pour présider la France, ayant pris tous les éléments en compte, jugez-vous en conscience que ce(tte) candidat(e) serait… ». Les interrogés devaient alors obligatoirement attribuer une mention par candidat, sur l’échelle de mentions suivante :  Excellent, Très Bien, Bien, Assez Bien, Passable, Insuffisant, et à Rejeter. Le classement des candidats au jugement majoritaire est le suivant : Les candidats sont classés en fonction de leur mention majoritaire : au moins 50 % de leurs mentions sont plus élevées ou égales, et au moins 50 % sont moins élevées ou égales (c’est la « médiane » de leurs mentions). Si la mention majoritaire d’un candidat est « Bien », alors une majorité des électeurs juge qu’il mérite au moins « Bien » et une majorité juge qu’il mérite au plus « Bien ». Au jugement majoritaire, un seul tour suffit : l’élu est le candidat ayant la meilleure mention majoritaire. Une règle majoritaire simple, issue d’une théorie mathématique, départage les candidats avec les pourcentages en cas d’égalité de mention majoritaire. Les résultats du sondage Opinion Way – Mieux Voter au jugement majoritaire permettent de tirer les conclusions suivantes : Aucun candidat n’est apprécié par une majorité de l’électorat : tous les candidats sont rejetés par au moins 23 % des électeurs et aucun candidat n’est jugé Excellent par plus de 8 % d’entre eux. Aucun candidat n’obtient une mention majoritaire mieux que Passable. Ces appréciations sont rendues invisibles par le scrutin uninominal majoritaire où il est impossible de connaître le sentiment profond des électeurs vis-à-vis de l’offre politique, que seule l’abstention permet de deviner. Plusieurs raisons peuvent expliquer la défiance qui émane du sondage au jugement majoritaire : la campagne électorale démarre et les français ne s’y intéressent pas ou peu ; le mode de scrutin officiel force les candidats à cliver dans leurs propositions et leur discours car ils n’ont besoin que de 20 % des voix pour accéder au second tour et éventuellement, remporter l’élection. Résultat, l’électorat est fortement polarisé : les électeurs de gauche rejettent les candidats de droite et inversement. Au jugement majoritaire, Valérie Pécresse domine assez largement tous les candidats et notamment le Président Emmanuel Macron : la candidate a à la fois plus de mentions positives, et aussi moins de mentions négatives

Par Ridel C., Laraki R.

17 décembre 2021

L’Europe et le “chantage migratoire” : qu’est-ce que la force de nos ennemis dit de notre faiblesse ?

Cette semaine, entre 8000 et 22 000 migrants, irakiens, afghans, syriens, sont encore en Biélorussie pour tenter de passer en Europe à travers la Pologne. 3000 à 4000 d’entre eux campent dans la forêt glaciale qui marque la frontière. Acheminés par le régime du dictateur Loukachenko depuis Beyrouth ou Damas jusqu’en Biélorussie via des avions de la compagnie d’État Belavia, ils sont débarqués puis poussés, matraqués, aux portes de la Pologne, en pleine forêt, sans eau ni nourriture. Depuis le début de cette crise montée de toute pièce, au moins 10 personnes sont mortes. Des milliers de soldats polonais s’amoncellent à la frontière et s’acharnent à refouler les migrants. Pour la première fois depuis 1989, un “état d’exception” a été décrété en Pologne qui empêche les journalistes de rapporter les faits, les associations humanitaires de venir en aide aux exilés.   L’opération biélorusse aux frontières lituaniennes puis polonaises, soutenue par la Russie, dure depuis le mois de juin et elle est évidemment une tentative de déstabilisation de l’Union européenne. Elle démarre peu après que les 24 et 25 mai, le Conseil européen ait décrété des sanctions contre des personnalités et des entreprises biélorusses, en représailles à l’effroyable détournement d’un avion de ligne de la compagnie Ryan Air sur Minsk pour capturer un journaliste opposant à Loukachenko qui se trouvait à bord, Roman Protassevitch.  En 2020, 74 migrants avaient franchi irrégulièrement la frontière entre la Biélorussie et la Lituanie. Sur le seul mois de juillet 2021, ils étaient 2 882. Loukachencho promettait « d’inonder l’Union européenne de drogues et de migrants ». Inédit par son mode opératoire –  aucun pays voisin de l’Union européenne n’avait, jusque-là, acheminé des exilés par charters pour créer des tensions frontalières – l’agression biélorusse s’inscrit pourtant dans une logique désormais éprouvée contre l’Europe, à savoir le « chantage migratoire ».   La Turquie s’y livre fréquemment depuis 2016, moment où l’Europe avait accepté de lui octroyer 6 milliards d’euros pour qu’Erdogan contienne le flux des réfugiés syriens. Fort de ce précédent, Vladimir Poutine n’a d’ailleurs pas hésité à proposer un arrangement similaire pour solder le conflit avec Loukachenko, à savoir que l’Europe paye la Biélorussie pour garder les migrants qu’elle a elle-même fait venir. Depuis 2016 donc, Erdogan relâche ponctuellement ses contrôles frontaliers pour obtenir de l’Europe une chose ou une autre, comme lorsqu’en février 2020, il avait laissé passer 13 000 personnes jusqu’en Grèce, sur fond de conflit territorial en méditerranée. En mai 2021, c’est le Maroc qui avait subitement ouvert sa frontière et laissé passer 8000 de ses ressortissants vers l’enclave espagnole de Ceuta, après que l’Espagne avait décidé de soigner dans l’un de ses hôpitaux le chef des indépendantistes du Front Polisario au Sahara occidental.   Bref, le « chantage migratoire » est devenu l’arme de choix de tous ceux qui veulent engager un rapport de force avec l’Europe, quel qu’en soit d’ailleurs le motif : la déstabiliser, la diviser, obtenir quelque chose d’elle, de l’argent…et pourquoi pas, demain, un accord commercial, une concession territoriale, un renoncement à telle ou telle politique, après tout ?   La force de ceux qui s’adonnent à ce type de méthode dit beaucoup de notre propre faiblesse. Les pays voisins de l’Europe connaissent les effets potentiellement déstabilisateurs de l’immigration sur les sociétés européennes – montée de l’extrême droite, division de l’opinion, tensions sociétales liées à l’accueil et l’intégration, qui ne manquent pas cependant d’être montées en épingle. Mais depuis la crise migratoire de 2015 et l’impuissance des européens à faire face, depuis que l’angoisse identitaire déferle sur le continent comme une maladie infantile et qu’une théorie aussi ahurie que le « grand remplacement » est devenue monnaie courante, l’Europe a basculé dans l’irrationalité vis-à-vis des migrations et s’expose tout entière à la malice de ceux qui voudraient les exploiter. Finalement, pour les ennemis de l’Europe ou tout pays adepte du rapport de force opportuniste, plus besoin de bâtir des stratégies compliquées, d’investir des milliards dans des missiles à longue portée ou autre arme de dissuasion ! Organiser l’arrivée de quelques milliers de migrants – musulmans, cela va sans dire – suffit à nous plonger dans la crise. Le spectre de 2015 rejaillit. Économie de moyens, effet de déstabilisation maximal. Finalement, les chantres du grand remplacement, voulant faire de l’Europe une forteresse, auront créé la plus grande fragilité dans sa défense.   En réponse au voisin Biélorusse, l’Europe pourra toujours, il le faut, redoubler de sanctions. Elle doit aussi le secours humanitaire aux personnes piégées dans le froid et menacées autant par le régime biélorusse que le gouvernement polonais. Mais il reste que la meilleure façon de vaincre les maîtres chanteurs, c’est de ne plus donner prise au chantage. Quand serons-nous capables de regarder les migrations en face, sans phobie aveuglante, et d’accueillir aussi dignement que sereinement les personnes à qui nous reconnaissons un droit à l’asile? Quand aurons-nous la force de construire une politique migratoire européenne viable et coordonnée? Ce jour-là peut-être, nous serons libérés du chantage.  

Par Ridel C.

26 novembre 2021

Réforme du système des retraites, temps de vivre et Road to net Zero L'éditorial de mars 2023

Le printemps approche et les forces syndicales se préparent, le 7 mars, à poursuivre leur lutte contre la réforme du système des retraites.   Dans son dernier livre, « Le temps d’apprendre à vivre », dont l’Institut a rendu compte, François Ruffin replace le débat sur les retraites dans le cadre plus large de la maitrise du temps, pivot de l’émancipation individuelle et collective, contre laquelle la logique capitaliste ne cesse d’aller : travailler plus, consommer plus, au détriment de la terre et des êtres dont on épuise les ressources. Climat et retraites sont liés. A 64 ans, 28% des travailleurs les plus pauvres seront déjà morts, contre 6% des travailleurs les plus riches. A 64 ans, ceux d’entre nous qui avons 10, 20 ou 30 ans aujourd’hui ne savent pas dans quelles conditions ils pourront vivre. L’Institut Rousseau poursuit, en ce début d’année, une levée de fonds en ligne pour soutenir un ambitieux travail, « Road to net Zero », qui chiffrera l’ensemble des investissements publics et privés nécessaires pour atteindre la neutralité carboneà l’échelle européenne. Si vous en avez les moyens et que le coeur vous en dit, vous pouvez toujours participer ! Votre soutien nous est précieux.

Par Ridel C.

22 juin 2021

Et si les élections présidentielles se jouaient au jugement majoritaire ?

Un sondage Opinion Way – Mieux Voter a interrogé, les 8 et 9 décembre 2021, un même panel de 962 Français inscrits sur les listes électorales concernant leurs intentions de vote aux élections présidentielles de 2022 selon deux modes de scrutin différents : le scrutin uninominal majoritaire et le scrutin par jugement majoritaire. Le scrutin uninominal majoritaire est le mode de scrutin en vigueur pour l’élection présidentielle de 2022. Le jugement majoritaire est un mode de scrutin où l’électeur doit évaluer tous les candidats indépendamment les uns des autres, en leur attribuant une mention sur une échelle qui va de « Excellent » à « A rejeter ». Il a été inventé en 2007 par deux directeurs de recherche au CNRS, Michel Balinski et Rida Laraki. Le sondage Opinion Way – Mieux Voter permet d’abord de rappeler qu’un mode de scrutin n’est pas une donnée tombée du ciel mais une règle inventée, parmi une infinité de possibilités. Mais un mode de scrutin doit avoir pour objectif de désigner le candidat jugé le meilleur par l’électorat. Pour ce faire, il doit permettre de mesurer l’état d’une opinion. Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, actuellement utilisé pour élire le Président de la République en France, faillit à ce pré-requis, parce qu’en demandant aux électeurs de choisir un candidat, il les contraint fortement dans leur expression. En effet, ayant voté pour un candidat, l’électeur ne révèle absolument rien de ce qu’il pense des autres, et pas plus de ce qu’il pense de celle ou celui pour qui il a voté. Tout vote pour un candidat est assimilé à un vote d’adhésion, alors que ce vote peut être un vote « contre » un autre candidat, un vote par défaut, ou encore un vote stratégique : on additionne des « voix » qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et on en sort un score numérique qui ne traduit rien de la légitimité réelle du candidat. L’électeur est ainsi souvent contraint à voter « utile » au détriment de ses opinions. L’électeur qui n’apprécie aucune candidature ne peut pas l’exprimer dans le cadre du scrutin, et se retrouve contraint au vote blanc (non comptabilisé) ou à l’abstention. Depuis 200 ans, la science démontre que l’on pourrait mieux voter avec des modes de scrutin alternatifs. Le jugement majoritaire, inventé en 2007, en fait partie. Il est le seul à satisfaire un ensemble de propriétés et notamment à résister au vote stratégique.[1] Le paysage politique selon le scrutin uninominal majoritaire Le sondage Opinion Way – Mieux Voter a posé aux interrogés cette première question sur leurs intentions de vote au scrutin uninominal majoritaire : « Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, pour lequel des candidats suivants y aurait-il le plus de chances que vous votiez ? ». Les résultats sont les suivants : Ces résultats[2] sont similaires à ceux observés par d’autres sondages[3] sur la même période, soit juste après la désignation de Valérie Pécresse lors du congrès du parti Les Républicains, le 5 décembre 2021. Avec 17 % des intentions de vote, celle-ci apparaît en position de se qualifier pour le second tour. Cependant, la proximité de son score avec celui de Marine Le Pen (17 % vs 16 % soit 1 % d’écart, dans la marge d’erreur) implique une grande incertitude sur sa présence au second tour. Le sondage Opinion Way – Mieux Voter confirme aussi la dispersion de l’électorat de gauche et la faiblesse de l’ensemble des candidats de gauche qui totaliseraient seulement 30 % des voix, presque à égalité avec l’extrême droite. Le paysage politique selon le jugement majoritaire Le sondage Opinion Way – Mieux Voter a posé aux interrogés cette deuxième question sur leurs intentions de vote au scrutin par jugement majoritaire : « Pour présider la France, ayant pris tous les éléments en compte, jugez-vous en conscience que ce(tte) candidat(e) serait… ». Les interrogés devaient alors obligatoirement attribuer une mention par candidat, sur l’échelle de mentions suivante :  Excellent, Très Bien, Bien, Assez Bien, Passable, Insuffisant, et à Rejeter. Le classement des candidats au jugement majoritaire est le suivant : Les candidats sont classés en fonction de leur mention majoritaire : au moins 50 % de leurs mentions sont plus élevées ou égales, et au moins 50 % sont moins élevées ou égales (c’est la « médiane » de leurs mentions). Si la mention majoritaire d’un candidat est « Bien », alors une majorité des électeurs juge qu’il mérite au moins « Bien » et une majorité juge qu’il mérite au plus « Bien ». Au jugement majoritaire, un seul tour suffit : l’élu est le candidat ayant la meilleure mention majoritaire. Une règle majoritaire simple, issue d’une théorie mathématique, départage les candidats avec les pourcentages en cas d’égalité de mention majoritaire. Les résultats du sondage Opinion Way – Mieux Voter au jugement majoritaire permettent de tirer les conclusions suivantes : Aucun candidat n’est apprécié par une majorité de l’électorat : tous les candidats sont rejetés par au moins 23 % des électeurs et aucun candidat n’est jugé Excellent par plus de 8 % d’entre eux. Aucun candidat n’obtient une mention majoritaire mieux que Passable. Ces appréciations sont rendues invisibles par le scrutin uninominal majoritaire où il est impossible de connaître le sentiment profond des électeurs vis-à-vis de l’offre politique, que seule l’abstention permet de deviner. Plusieurs raisons peuvent expliquer la défiance qui émane du sondage au jugement majoritaire : la campagne électorale démarre et les français ne s’y intéressent pas ou peu ; le mode de scrutin officiel force les candidats à cliver dans leurs propositions et leur discours car ils n’ont besoin que de 20 % des voix pour accéder au second tour et éventuellement, remporter l’élection. Résultat, l’électorat est fortement polarisé : les électeurs de gauche rejettent les candidats de droite et inversement. Au jugement majoritaire, Valérie Pécresse domine assez largement tous les candidats et notamment le Président Emmanuel Macron : la candidate a à la fois plus de mentions positives, et aussi moins de mentions négatives

Par Ridel C., Laraki R.

22 juin 2021

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